L’objectif de l’organisation État islamique (EI) est d’agrandir le territoire et de combattre des infidèles

Inspiré par le califat islamique – territoire reconnaissant l’autorité d’un calife successeur de Mahomet, le prophète de l’islam – le groupe État islamique avance dans le but de former un empire dans le Moyen-Orient. Née en Irak, l’organisation a profité de l’instabilité générée par la guerre civile en Syrie pour établir une base dans le pays et suivre son chemin. Selon Randa Slim, directeur de la Track II dialogues initiative au Middle East Institute, basée à Washington, le contrôle de Raqa, en Syrie, et de pans de territoire entre le pays et l’Irak fournit une position stratégique pour le califat dont le siège  est à Mossoul. En Syrie, l’organisation contrôle aussi de nombreux champs de pétrole, ce qui lui fournit l’argent nécessaire pour financer le califat.

Le chercheur Pierre-Alain Clément, directeur adjoint de l’Observatoire de géopolitique de l’UQÀM, souligne que la Syrie a toujours été un important acteur dans le contexte international : « C’est un allié historique de la Russie, souvent hostile envers les États-Unis et les pays européens, et qui a eu aussi un rôle ambigu dans le Moyen-Orient ».

Selon le spécialiste, les jihadistes ne contrôlent pas de vastes territoires, mais ils sont présents surtout dans l’Est du pays et très proches de la capitale Damas, au Sud. Au Nord, les Kurdes essaient de les repousser. « Ils ont conquis la symbolique ville de Dabiq, qui est mentionnée dans le Coran comme celle où il y aura lieu la bataille finale entre les plus vaillants musulmans et les infidèles ».

Les deux experts soulignent que, pour le moment, le plan de l’EI est de défendre et de maintenir les zones qu’ils contrôlent en Irak et en Syrie. Pour Pierre-Alain Clément, « l’expansion a eu lieu l’année dernière, maintenant ils ont tout le monde contre eux: la Syrie et ses alliés (Russie et Iran), le régime irakien et la coalition menée par les États-Unis. L’expansion pourra revenir, mais pour l’instant ils combattent les ennemis ». Toutefois, l’objectif ultime, dit le spécialiste, est « d’aller au-delà des frontières et battre les autres régimes considérés comme apostat ». Randa Slim complète que le prochain pas « doit être de prendre le contrôle d’au moins une des deux capitales (Damas ou Bagdad), considérées comme les plus importantes de la région arabe ».