La lutte contre la désertification est l’un des enjeux majeurs, et pourtant oubliés, des négociations climatiques. Ce fut l’un des premiers à être évoqué au cours des négociations internationales. Cet enjeu s’est éclipsé par la suite puisque la désertification touche en premier lieu les pays pauvres, au faible poids diplomatique. Mais la situation tend à évoluer.

Coupez des arbres, vous pourrez cultiver la terre libérée. Mais traitez bien cette nouvelle terre. Sinon, elle se fatiguera. Elle deviendra inutilisable. Et peut-être qu’un jour, la terre autrefois fertile et nourrissante ne sera plus que sable.

La désertification est une menace qui pèse de tout son poids, que ce soit en Afrique, mais aussi en Asie, ou en Amérique. Les causes de ce mal sont encore mal connues. Tout comme les remèdes. Mais le constat, lui, est bien là, tangible : les déserts progressent.

Ceux-ci menacent d’abord les zones dites « sèches », c’est-à-dire les prairies, les pâturages ou ce qu’on appelle les semi-déserts. Ces territoires sont propices au développement de l’élevage. On peut penser à la Pampa argentine, aux steppes de Mongolie, ou encore aux grandes plaines américaines. Près d’un quart des terres immergées, dont l’immense majorité est à chercher dans les zones sèches, sont menacés de détérioration. Qui dit détérioration dit remplacement de ces pâtures par des déserts. Des milieux bien moins propices à l’élevage.

C’est ce cas qui a d’abord entraîné la mobilisation de la communauté internationale. La désertification avait déjà été évoquée en 1977, à l’occasion de la Conférence des Nations unies sur la Désertification, qui s’était tenue à Nairobi. Mais il faudra attendre 1994 pour qu’un texte soit signé par tous les pays membres de l’ONU. Un seul pays s’est retiré de l’accord : c’est le Canada, en 2013. Stephen Harper était alors encore Premier Ministre.

Des négociations ont toujours cours sur la question de la désertification. En marge de la COP21 qui se tient en ce moment à Paris, le président français François Hollande a rencontré des dirigeants de pays d’Afrique touchés par la désertification. Il a annoncé suite à cette rencontre qu’il débloquerait 2 milliards d’euros sur la période 2016-2020 pour lutter contre la désertification au Sahel.

Cette décision est écologique, mais aussi politique et stratégique. Au Nigéria, les zones les plus touchées par la désertification sont aussi celles où la secte Boko Haram s’est le plus développée.