Tout comme l’ivoire, certains bois sacrés font l’objet d’un marché illégal. De Madagascar à la Birmanie en passant par le Gabon, des forêts entières sont décimées et les troncs revendus aux plus offrants, sous cape. La déforestation est devenue un marché lucratif pour les contrebandiers.

Le teck, bois rare de Birmanie, reconnu pour sa résistance et sa couleur cuivrée, est l’une des victimes de ce braconnage massif. Entre 1990 et 2010 près de 20% de la forêt tropicale birmane, l’une des plus importantes d’Asie, a été détruite, selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

La corruption sous l’ancienne junte militaire et l’inexistence de loi stricte contre ce marché, entrainaient une exploitation illégale massive. Le nouveau gouvernement, au pouvoir depuis 2011, a créé deux parcs naturels, sensés protéger le bois rare et a interdit l’exportation de bois brut. Mais ces mesures restent insuffisantes.

Le pays aurait ainsi exporté jusqu’à 3,5 fois plus de bois que les volumes officiels enregistrés, entre 2000 et 2014, d’après un rapport de l’Agence d’investigation pour l’environnement (EIA), une ONG basée à Washington qui lutte contre les mafias du bois.

Interrogé par l’AFP en mai 2014, l’environnementaliste Tony Neil, explique : « Nous observons des camions qui passent la frontière vers la Chine. Il y en a des centaines chaque jour, le maximum qui n’ait jamais été enregistré. »

La Chine, un acheteur privilégié

Mais qui sont donc les acheteurs de ce bois volé ? La Chine, précise l’EIA. Le pays aurait, importé 10 millions de mètres cube de bois birman entre 2000 et 2012. Mais ce n’est pas le seul bois convoité par Pékin.

En 2012, l’EIA a mené une enquête en caméra cachée, diffusée sur Arte, pour remonter au sommet des filières illégales de bois. Alexander Von Bismarck, à la tête de l’ONG, s’est glissé dans la peau d’un acheteur potentiel de bois de rose, le bois précieux de Madagascar.

Le journaliste se rend dans les usines chinoises où le bois importé est travaillé, transformé en violon, table de chevet et lits. Un bois rare, signe de richesse, recherché par la bourgeoisie chinoise qui n’hésite pas à dépenser des milliers de Ying pour dormir dans une réplique de lits d’Empereurs.

Lutter contre le trafic

Un tiers du marché du bois mondial serait issu de ces exploitations illégales, selon Interpol. Un chiffre largement dénoncé à l’international.

Les pays « acheteurs » tentent de lutter contre ce système. L’union européenne a soumis le marché du bois à un règlement en 2013. Les importateurs doivent prouver la légalité de leur chargement avant d’entrer sur le territoire. Ils peuvent encourir jusqu’à 100 000 euros d’amende et deux ans de prison.

En mars dernier, Greenpeace déposait devant le ministère de l’Écologie une grume de bois de 4 tonnes et longue de 8,5 mètres. Leur but : dénoncer l’inefficacité du gouvernement français dans cette lutte. En France, c’est effectivement le ministère de l’Écologie qui doit vérifier les importations légales de bois sur le territoire français. D’après l’association, aucun contrôle n’aurait été mené depuis 2013.

À cette date, selon Interpol, le marché illégal de bois pesait entre 27 et 90 milliards d’euros par an.