Pour une bonne partie de la population, l’élection du 1er octobre en sera une comme les autres. Pour plusieurs personnes, il s’agira de la première fois de leur vie qu’ils pourront aller voter. Encore trop jeunes pour exercer leur devoir de citoyens aux élections municipales de 2017 ou encore aux élections fédérales de 2015, les jeunes adultes qui ont obtenu leur majorité au cours de la dernière année vont pouvoir se faire entendre lorsqu’ils noirciront leur bulletin de vote au début du mois prochain.

Le 19 septembre, sur l’heure du midi, un débat était organisé au Cégep Limoilou entre les candidats s’opposant dans la circonscription de Jean-Lesage auquel ont assisté une centaine d’étudiants.

Le 19 septembre, sur l’heure du midi, un débat était organisé au Cégep Limoilou entre les candidats dans la circonscription de Jean-Lesage, soit Gertrude Bourdon (PLQ), Sylvain Lévesque (CAQ), Claire Vignola (PQ) et Sol Zanetti (QS). (Crédit photo: Flore Bibeau)

«Je trouve ça malade! C’est dans notre Cégep, notre environnement. On n’a même pas besoin de se déplacer. C’était prévu à notre horaire! Je trouve que c’est une merveilleuse idée», s’est exclamé Sarah-Jade, 18 ans, qui avoue suivre la campagne de près.

Mathieu a aussi apprécié l’exercice, lui qui, contrairement à sa collègue, suit plutôt les partis politiques sur les réseaux sociaux, sans plus. «C’est pas mal les seules infos que j’ai jusqu’à maintenant afin de prendre ma décision. Je préfère voir directement les choses que de les apprendre de la bouche de quelqu’un d’autre», a expliqué le jeune homme.

Dans les dernières années, Guillaume Plante, administrateur du Forum jeunesse de la Capitale-Nationale, note la multiplication des débats dans les milieux fréquentés par les jeunes : écoles, café, bars et autres. Il ajoute qu’en invitant les différents candidats d’une circonscription à débattre devant un public, les jeunes vont être portés à s’identifier aux personnes qui se présentent devant eux, surtout quand les candidats sont jeunes.

«Je préfère voir directement les choses que de les apprendre de la bouche de quelqu’un d’autre» (Mathieu, 18 ans)

Même après cet exercice, une majorité des étudiants interrogés par l’Exemplaire ne semblaient pas encore certains de leur choix. Parmi ceux qui ont arrêté leur décision, presque tous s’entendent pour dire que Québec solidaire aura leur vote.

«Ils touchent directement la population. Les transports, l’environnement, l’assurance dentaire gratuite, ce sont des questions très importantes pour moi», note Sarah-Jade qui partage les mêmes préoccupations que Coralie, 20 ans. Cette question est demeurée «trop floue», a-t-elle jugé. «Les chefs des partis ne répondent pas directement aux inquiétudes qu’on peut avoir».

Pour Cédric, qui aura ses 18 ans juste avant le scrutin, «les partis ne disent jamais concrètement les impacts futurs» de leurs actions en ce qui concerne l’environnement.

Mauvaise réputation

Toutefois, si tous les jeunes rencontrés ont l’intention d’aller voter, une réputation les précède. Ils sont peu nombreux à exercer leur droit aller le jour venu.

En 2014, environ un étudiant sur deux avait exercé son droit de vote, en recul par rapport aux élections de 2012.

L’utilisation des médias sociaux occupe une place de choix au sein des partis politiques et des organisations afin d’aller rejoindre les intérêts des jeunes de 18 à 24 ans.

Une des stratégies consiste à entrer en communication avec les leaders d’opinion de différents groupes afin de les mettre en scène dans les publications qui seront partagées sur le web. « Par exemple, si le président d’une association étudiante se présente au bureau de scrutin lors du vote par anticipation et publie une photo sur Facebook, les membres de sa communauté vont être portés à aller voter par la suite », explique Guillaume Plante du Forum jeunesse de la Capitale-Nationale.

Lors de sa campagne électorale, le Nouveau-Brunswick, dont la proportion des jeunes à se rendre aux urnes est encore plus faible qu’au Québec, a opté pour quelque chose de similaire en embauchant des ambassadeurs pour «susciter l’enthousiasme des jeunes électeurs».

 

De son côté, Élections Québec sort aussi tout son arsenal pour sensibiliser la population à aller voter, notamment par le biais d’une campagne de publicité télévisuelle et radiophonique et, conçue pour les 18-24 ans, d’une campagne sur le Web qui a pour slogan «On est prêts à tout pour que tu votes».

La page d’accueil du site d’Élections Québec lorsqu’on recherche les sites mentionnés dans leurs pulbicités. (Crédit photo: Capture d’écran du site d’Élections Québec)

 

Élections Québec a recours à diverses campagnes publicitaires pour inciter les jeunes à aller voter, comme ces affiches dans le métro. (Crédit photo: ActusMédias)

Comme l’expose M. Plante, des pratiques de vote dans les écoles primaires et secondaires sont aussi des moyens utilisés pour donner un avant-goût de la vie démocratique aux plus jeunes.

Au Québec, les enfants sont invités à se rendre dans un bureau de vote avec leurs parents lorsque ceux-ci iront voter, le 1er octobre. Les enfants rempliront un bulletin sur lequel ils s’exprimeront sur une question «portant sur la démocratie ou sur le processus électoral».

Il s’agira d’une première mondiale, selon le DGEQ.

Un exercice semblable s’est déroulé au Nouveau-Brunswick une semaine avant, alors que les plus petits voteront pour leur candidat préféré le 24 septembre. Les résultats seront diffusés en ligne après la fermeture des bureaux de vote.

«Lorsqu’ils seront plus vieux, ils ne seront pas perdus lorsqu’il sera le moment de voter pour vrai», croit Guillaume Plante.