Arrivé à la tête du Saint-Siège après la résignation surprise de Benoit XVI en mars 2013, François a depuis marqué les esprits par son réformisme affiché. Que ce soit politiquement, avec la réforme en cours de la curie, ou sur un plan plus théologique, avec des prises de position jugées plus progressistes. Mais réformer une institution millénaire et aussi complexe que le Saint-Siège est un exercice long et périlleux.

Le gouvernement de l’Église catholique, la curie romaine, illustre la complexité de la tâche qui incombe à Jorge Mario Bergoglio. Dirigée par un secrétaire d’État nommé par le pontife, la curie a pour mission de gérer les affaires de l’Église. Elle est composée de trois organes. D’abord, neuf congrégations permanentes, sortes de ministères chargés de gérer les grands dossiers de l’Église (Doctrine de la foi, Éducation catholique, Évêques). Viennent ensuite douze conseils pontificaux (l’équivalent des sous-ministres), qui s’occupent des thèmes de société, comme la famille, la culture, les laïcs, la justice et la paix. Enfin, trois tribunaux sont chargés de la discipline et des sacrements.

Les quinze maladies de la curie

Dès le début de son pontificat, François, a entamé la réforme de la curie, dont le mauvais fonctionnement illustre les dérives d’un Vatican dévoyé. Mais tout le monde au sein de la Curie n’est pas de cet avis. Certains cardinaux conservateurs n’ont que très moyennement apprécié la diatribe du Saint-Père à l’occasion de ses vœux pour l’année 2015. Réunissant ses cardinaux, François avait listé sans concession les quinze maladies qui menacent la curie selon lui : « Alzheimer spirituel », « fossilisation mentale », « arrogance », « mondanité », « corruption », « calomnie », « manipulation ». En passant, le pape leur avait également reproché d’avoir des « têtes d’enterrement ».

Le pape François entend changer tout ça en simplifiant l’organisation de la curie par la fusion de certains conseils pontificaux. Pour cela, il a déjà mis en place un Secrétariat pour l’économie qui a pour mission d’obliger les autres dicastères à plus de transparence. Le Conseil pour l’économie, dont dépend le Secrétariat, a même vu l’arrivée de professionnels laïcs rompus à la comptabilité et au management des grandes organisations internationales. Mais le pape fait face à de nombreuses oppositions, et certains vaticanistes expliquent qu’il est même minoritaire parmi les cardinaux.

Changer les mentalités

Mais la loi fondamentale de l’État de la Cité du Vatican, le principal document constitutif du Saint-Siège, assure au pontife différents pouvoirs, notamment deux déjà usités par François : le collège des cardinaux (le consistoire), et celui des évêques, appelé synode. À la fin du mois d’octobre, François avait réuni pour la troisième fois ses évêques pour un synode au sujet de la famille.

Ce dernier synode n’a pas permis, selon les mots du pape, que soit trouvées « des solutions exhaustives à toutes les difficultés » concernant la famille. Mais il a tout de même entériné un certain progressisme quant à la position de l’Église, sur les fidèles divorcés notamment.

Avant de pouvoir réformer efficacement le fonctionnement du Vatican, François doit d’abord changer les mentalités, à commencer par celles des dignitaires de l’Église. Ce qui, pour une institution multiséculaire, demande nécessairement beaucoup de temps.