1859, la deuxième guerre d’indépendance de l’Italie fait rage, opposant l’armée autrichienne, à l’armée franco-piémontaise. Onze ans plus tard, en 1870, Rome est encerclée par les troupes piémontaises. Le dernier État pontifical tombe, l’Italie est unifiée.

La victoire de Victor-Emmanuel II, alors devenu premier roi d’Italie en 1861, marque la fin du pouvoir temporel du pape, c’est-à-dire un pouvoir qui ne relève pas du domaine du spirituel. Ainsi sans autorité, sans puissance, le pape du moment, Pie IX, décide de ne pas fuir. Il se réfugie dans le Palais du Vatican, et se considère comme « le prisonnier » de ces vastes murs.

Le « pape martyr », comme il était surnommé à l’époque, mourra dans le palais dont il n’a pu sortir pendant 17 ans, en 1878. Dernier pape des États pontificaux, Pie IX marque une page de l’histoire du Vatican. Mais, la réelle transition s’opère quelques années après, avec Pie X, témoin de la signature des accords de Latran en 1929.

Anne-VaticanSigné entre Benito Mussolini du côté italien, et le cardinal Gasparri — secrétaire général d’État du pape Pie IX — du côté du Vatican, les accords permettent l’enracinement de trois conventions, encore valables aujourd’hui.

Puisque la survie d’un état pontifical pose beaucoup de questions dans un pays unifié, c’est tout d’abord cette question romaine qui est réglée dans une des conventions.

La véritable rupture s’établit entre l’État et l’Église. Latran marque effectivement la séparation entre le pouvoir et la religion. Même si, notons-le, le catholicisme devient la religion officielle de l’État italien.

Le pape devient donc seul souverain temporel de l’État du Vatican, et perd tout pouvoir sur les États pontificaux, qui ne le sont plus. Le nouvel État reçoit 4 millions de lires, soit environ 2900 dollars canadiens, donnés en dédommagement.

Ainsi, l’État du Vatican, tel qu’on le connaît, est créé, mais, depuis, les papes voyagent, ils sortent du Vatican, et s’engagent même depuis 2012 dans une lignée de modernité en rejoignant les quelques milliards de fidèles chrétiens sur les réseaux sociaux.

Dans la lumière plus que jamais, il n’en reste pas moins que le Vatican fascine par les 266 papes qu’a connus le palais, et surtout, par les quelque 2 000 ans d’histoire dont beaucoup de mystères subsistent.

Pour certains une prison dorée, pour d’autres un « Saint-Siège », l’interrogation quant au réel pouvoir du Vatican ne serait-elle pas la question romaine du 21e siècle ?

Reportage audio en compagnie de Gilles Routhier, doyen de la faculté de théologie et de sciences religieuses de l’Université Laval, il est aussi l’auteur de nombreux ouvrages sur le Vatican.