Les attentats du 13 novembre à Paris n’ont pas laissé les Canadiens indifférents. Une majorité d’entre eux craignent pour leur sécurité à la vue du caractère brutal et gratuit des attaques, et rejettent le plan du gouvernement fédéral, qu’il s’agisse de l’accueil de réfugiés ou bien de la lutte contre le groupe armé État islamique (EI).

73% des Québécois craignent que des attentats similaires à ceux de Paris surviennent en sol canadien, révèle un coup de sonde réalisé par la firme Léger et dévoilé par TVA Nouvelles, une semaine après les tristes évènements de Paris.

Les personnes sondées estiment aussi dans une proportion de 40% que les forces policières et militaires ne sont pas prêtes à faire face à ce genre de tragédie.

Il faut dire que les Canadiens ont encore en mémoire les attentats du parlement d’Ottawa et de Saint-Jean-sur-Richelieu, survenus en octobre 2014.

La menace que le terrorisme fait peser sur l’Occident leur apparait de plus en plus intenable, au point où 68% d’entre eux se montrent en accord avec les frappes aériennes menées en Syrie par les six avions de combat canadiens, selon un sondage Ipsos mené pour Global News une semaine après les attentats terroristes de Paris, allant ainsi à l’encontre de la volonté du gouvernement canadien qui a choisi de mettre fin à cette mission.

Les Canadiens désapprouvent également le plan des libéraux visant à accueillir 25 000 réfugiés syriens avant le jour de l’an dans une proportion de 60%, évoquant notamment des motifs de sécurité.

Ottawa semble avoir entendu la population sur ce point, puisque le gouvernement fédéral a annoncé qu’il n’accueillerait finalement que 10 000 nouveaux arrivants avant la fin de l’année, tandis que les 15 000 autres ne fouleront pas le sol canadien avant la fin du mois de février.

À ce stade, il est toutefois difficile de dire si les attentats de Paris et le sentiment de peur qui semble se manifester dans la population auront des conséquences sur la stratégie canadienne en matière de sécurité intérieure et de défense nationale.

Les frappes canadiennes en Syrie se poursuivent malgré l’engagement d’Ottawa de les faire cesser. En entrevue avec L’actualité, le ministre canadien des Affaires étrangères, Stéphane Dion, explique que les chasseurs canadiens ne se retirent pas immédiatement par un souci d’effectuer une transition « ordonnée » et « respectueuse des alliés » du Canada.

Lors d’un récent sommet économique aux Philippines, le premier ministre Justin Trudeau a affirmé que « le Canada est déterminé à demeurer un membre important de la coalition contre l’EI », mais que l’effort du pays se tournera davantage vers l’aide humanitaire et la formation des troupes locales.

Quant au controversé projet de loi C-51 accordant davantage de pouvoirs au Service canadien du renseignement de sécurité, voté par le précédent gouvernement conservateur, le gouvernement libéral, qui a promis en campagne électorale d’en annuler la majorité des dispositions, n’a pas laissé filtrer d’informations quant à ses intentions.

Dans les heures suivant les attentats de Paris, le premier ministre canadien avait tenu à mentionner l’importance de protéger les droits et libertés des citoyens.

«C’est certain que c’est trop tôt pour tirer des conclusions. Il va y avoir bien des discussions et des moments pour examiner ce qui s’est passé et comment on va continuer d’assurer la sécurité de nos citoyens dans les pays à travers le monde. Tout gouvernement a une responsabilité profonde d’équilibrer la sécurité des citoyens avec la protection des droits et libertés et de nos valeurs et nous allons continuer de faire cela», avait-il déclaré.