La prolongation de l’état d’urgence en France suscite deux sortes de réactions chez les Français. Certains citoyens y voient une mesure nécessaire pour assurer efficacement la sécurité contre la menace terroriste. D’autres craignent une diminution sérieuse et durable des libertés individuelles.

En France, la prolongation de l’état d’urgence a été votée à la quasi-unanimité – 551 voix pour comparativement à 6 voix contre – à l’Assemblée nationale le 19 novembre dernier pour une durée supplémentaire de trois mois. Sur son compte Twitter, le Premier ministre français Manuel Valls a détaillé les incidences de cet état d’urgence : « assignations à résidence, perquisitions, fermeture des mosquées radicales » et a justifié la mesure en ces termes : « En prolongeant l’état d’urgence, l’Assemblée et le Sénat envoient un message très fort : nous sommes unis face au terrorisme ».

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La sécurité, c’est l’argument phare que prône le gouvernement. Après les attentats de Charlie Hebdo en janvier dernier et les multiples attaques du vendredi 13, les Français se disent prêts à réduire leurs libertés selon un sondage Ifop réalisé pour les médias Lefigaro et RTL. Parmi les 910 personnes sondées, 84 % sont d’accord pour être soumises à plus de contrôles. Lors de la proclamation de l’état d’urgence quelques heures après les attaques au Bataclan et dans les rues de la capitale parisienne, plusieurs internautes encourageaient leurs concitoyens à respecter la loi.

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Toutefois, la mise en place de l’état d’urgence suppose la restriction de certaines libertés. À ce titre, le gouvernement français a formellement informé le Conseil de l’Europe de sa décision de déroger à certains principes de la Convention européenne des Droits de l’homme. Un manquement qui est toléré « en cas de guerre ou en cas d’autre danger public menaçant la vie de la nation ». En observant l’état d’urgence, l’État français rogne sur deux libertés fondamentales : le droit à la vie privée et la liberté de circulation. Effectivement, le Ministère de l’Intérieur autorise les policiers à fouiller et recopier toutes les données informations nécessaires lors des perquisitions. En ce qui concerne les assignations à résidence des personnes dont le comportement laisse à penser qu’elle constitue « une menace pour la sécurité et l’ordre public », c’est, en temps normal, jugé comme contraire à la liberté de circulation.

Garantir la sécurité en France, jusqu’à quand ?

Toutefois, des voix critiques s’élèvent contre cette justification. À quoi ça sert de brimer les libertés pendant trois mois alors que la menace terroriste, elle, perdurera ensuite ? La question est de savoir si l’état de protection maximale de la France débouchera sur une restriction durable de ces libertés fondamentales puisque la menace terroriste, elle, ne s’atténuera pas à la fin de la période de l’état d’urgence.

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Une internaute, Sihame Assbague, résume en quelques tweets les différentes positions des Français par rapport à la prolongation de l’état d’urgence et de la privation de libertés qu’il engendre. « La France envisage d’enfreindre les Droits de l’Homme, commente-t-elle. Il y a grosso modo trois types de réactions face à cette info ».

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L’internaute, connue pour être une activiste des droits civiques, renchérit : « Qu’est-ce que ça va être MAINTENANT qu’elle [la France] prévient le Conseil de l’Europe des risques de violation des droits ? ».