Dimanche 22 novembre, le premier centre de la prévention de la radicalisation en Amérique du Nord a été inauguré à Montréal. Comme ces homologues en Suède, au Danemark, et bientôt en France, il vise à prévenir la radicalisation violente de certains individus. Une façon, pour les gouvernements, de lutter contre le terrorisme.

“Les événements survenus au cours des derniers jours nous rappellent la nécessité douloureuse (…) de rester activement vigilants quant à la radicalisation violente”, a déclaré, lors de l’inauguration du centre, le maire de Montréal, Rémi Coderre. Les événements à Paris et Beyrouth ont médiatisé ce nouveau type de défense contre le terrorisme. Alors comment fonctionne un centre de déradicalisation ?

Un objectif : aider les proches

Certains centres, comme celui de Montréal, cherchent d’abord à aider les proches des individus en cours de radicalisation. Un standard téléphonique est ouvert 24h/24h à Montréal et les experts peuvent répondre à des questions ou se déplacer directement sur le terrain. Le centre a déjà reçu 500 appels de proches (parents, professeurs, collègues de travail, patron) depuis sa création, en mars dernier. Huit cas ont été transmis à la police.

En France, le Premier ministre Manuel Valls annoncé le 19 novembre, à l’Assemblée nationale, qu’un centre de déradicalisation allait être mis en place dans les prochains mois. Mais son but premier n’est pas de recevoir les appels des proches. Les préfectures s’en occupent déjà. Un numéro vert a été mis en place et chaque département possède sa cellule de suivi.

Le retour des repentis français

Le Premier ministre français l’a annoncé clairement, le centre ne recueillera pas les djihadistes de retour de Syrie: “Leur place est en prison!”, mais les jeunes radicalisés. Trente places seront réservées à des individus radicalisés sur le territoire, ou aux repentis du Jihad.

Qui sont-ils ? Des jeunes de retour des zones de conflit, des femmes notamment, qui n’ont commis aucun délit, des repentis attestés, souvent traumatisés. Ils devront tous être volontaires.

Pour le Premier ministre, l’objectif sera de les mettre “à l’épreuve afin de mesurer leur volonté de réinsertion dans la durée”. Concrètement, les repentis resteront 10 mois dans le centre. Ils retrouveront leurs familles, seront suivis par des psychologues, et en fin de parcours, ils devront s’insérer professionnellement.

Le quotidien français La Croix s’est procuré le 24 novembre le programme du futur centre de déradicalisation. Le centre devrait enseigner, entre autres, les « valeurs de la République » via des sessions de « citoyenneté » ; et « l’esprit critique », en sensibilisant les « repentis » aux dangers de la propagande, notamment sur le web.

Suivre l’exemple du Danemark

Les pays du nord de l’Europe sont précurseurs dans la lutte contre la déradicalisation. La ville d’Aarhus au Danemark a mis au point un programme de prévention de la radicalisation djihadiste privilégiant l’approche sociale. Elle avait déjà mis en place une telle expérience auprès des membres de gangs.

Ainsi, les enseignants et les services sociaux viennent discuter dans les écoles, avec les proches des jeunes radicalisés. Quant aux repentis, revenus de Syrie ou d’Irak, il leur est offert un suivi psychologique. La plupart ont accepté de rencontrer régulièrement un tuteur.

La réussite de ce programme est difficile à évaluer, mais les organisateurs assurent qu’il porte ses fruits. Les deux tiers des 17 repentis, passés par le centre, ont repris une formation professionnelle ou travaillent. En 2013, 34 habitants d’Aarhus sont partis en Syrie, en 2014 un seul, en 2015 trois. Impossible pour autant de conclure que le programme danois est seul responsable de la baisse de ces chiffres.