Au fur et à mesure que la date des élections fédérales approche, les partis politiques recentrent leurs interventions sur des problématiques précises. Le port du niqab, l’accueil des réfugiés et la question constitutionnelle sont actuellement les enjeux électoraux dominants.

Tous les jours dans la campagne électorale, les chefs des cinq principaux partis politiques fédéraux s’expriment dans les médias, débattent entre eux et exposent leurs points de vue. Plusieurs thématiques ressortent davantage alors qu’il reste moins de trois semaines avant la journée de scrutin, le 19 octobre.

Notamment jeudi dernier, lors du premier débat en français, les chefs des partis fédéraux se sont positionnés par rapport aux trois principaux sujets de débat de la campagne électorale. Les questions du port du niqab lors du serment au Canada, de l’accueil des réfugiés en temps de crise et de la constitution du Canada sont à l’origine de profonds différends entre les chefs.Stephen Harper, Thomas Mulcair, Justin Trudeau, Gilles Duceppe et Elizabeth May prennent parfois des positions radicalement opposées sur ces sujets sensibles.

Le port du niqab

C’est la cause portée en Cour d’appel de la Pakistanaise, Zunera Ishaq, qui est à l’origine des débats sur le port du niqab lors des cérémonies d’assermentation au Canada. Selon Radio-Canada, le gouvernement conservateur voulait rejeter la décision de la Cour fédérale permettant aux femmes voilées de prêter serment. La Cour d’appel a rejeté la demande du gouvernement fédéral.

Selon le Gouvernement du Canada, en 2011, une directive ministérielle avait été adoptée par les conservateurs afin d’interdire de se voiler le visage. Le gouvernement a également déposé le projet de Loi sur la citoyenneté et la réglementation afin d’obliger les immigrants à prêter serment de citoyenneté à visage découvert.

Le chef du Parti québécois approuve les démarches des conservateurs en promettant unprojet de loi qui interdirait le port du niqab lors du vote, de l’assermentation des citoyens et de la réception de services gouvernementaux.

Thomas Mulcair accuse les conservateurs de stigmatiser les femmes voilées. Le chef du NPD qualifie les démarches du gouvernement Harper comme un outrage aux «droits et libertés des femmes portant le voile».

Le chef libéral croit que le gouvernement utilise la situation de l’immigrante pakistanaise dans un but de stratégie électorale. Lors du dernier débat télévisé, Justin Trudeau a affirmé que «si un homme ne peut pas dire à une femme comment s’habiller, l’État ne devrait pas dire une femme comment ne pas s’habiller».

Elizabeth May, chef du Parti vert, a rejeté ce sujet lors du premier débat des chefs en français en affirmant qu’il détournait les discussions des vrais enjeux et défis pour le Canada.

Le débat constitutionnel

La question de la constitution canadienne est un enjeu considérable au Québec. En 1982, la province de Québec avait refusé de signer la Constitution du Canada. C’est une situation qui n’a toujours pas été corrigée depuis lors.

La sécession du Québec est maintenant défendue uniquement par le Bloc québécois. La réintégration du giron constitutionnel canadien est néanmoins un enjeu discuté par plusieurs partis.

Au cours des élections actuelles, le chef du gouvernement sortant refuse d’aborder la question. Il affirme que la question de la Constitution est du «radotage» et que la question du référendum est «passée date».

Le chef du Parti libéral laisse de côté la question constitutionnelle également. M. Trudeau a affirmé à la Presse canadienne le 28 septembre : «Ce que j’espère, si je deviens premier ministre du Canada, c’est de pouvoir travailler avec M. Couillard pour que le Québec reprenne une place au sein de l’économie du Canada. On a depuis longtemps un Québec qui se tient un petit peu en recul en participant au gouvernement fédéral seulement en opposition».

Les réfugiés

Dans le contexte actuel de la crise des migrants, tous les partis prennent position relativement à cet enjeu. Plusieurs millions de Syriens fuient leur pays vers les pays voisins et vers l’Europe. Les chefs des partis politiques au Canada se positionnent quant à la place que doit prendre le Canada dans l’accueil d’immigrants.

Le gouvernement de M. Harper promet de changer le statut des immigrants syriens. Ces derniers pourraient être considérés comme réfugiés, ce qui faciliterait leur entrée au Canada. Le Parti conservateur souhaite accueillir 10 000 réfugiés syriens d’ici 2018. Il souhaite agir de façon «généreuse, mais responsable». M. Harper a spécifié lors du dernier débat télévisé «qu’avant d’accueillir des réfugiés syriens, il faut s’assurer qu’ils ne représentent pas un risque pour la sécurité du pays».

Les néo-démocrates comptent accueillir 46 00 réfugiés syriens d’ici 5 ans selon la Presse canadienne. Thomas Mulcair désire répondre à la demande de l’Organisation des Nations unies qui désire que le Canada accueille 9 000 Syriens avant la fin de l’année. Le NPD croit que le gouvernement en place réglemente de façon excessive l’immigration.

De leur côté, les libéraux «regrettent l’époque où le Canada accueillait plus facilement les réfugiés, sans mettre en danger sa sécurité», a affirmé leur chef. Ils comptent donc accueillir 25 000 réfugiés syriens avant le mois de janvier.
Ils veulent également investir 100 millions de dollars pour accélérer le traitement des demandes des réfugiés selon Radio-Canada.

Pour sa part, le Parti vertcompte accueillir 50 000 réfugiés. La chef Elizabeth May a affirmé le 3 septembre que «nous devrions en faire plus» malgré le fait que « le système actuel est un fouillis ».