De nombreux candidats se présentant pour un parti autre que les six grands partis fédéraux ou comme indépendants ont été enregistrés auprès d’Élections Canada cette année. Plusieurs experts considèrent les chances de ces candidats nulles, puisque leur visibilité a été limitée. Pour Luc Paquin, candidat dans Québec pour le Parti pour l’indépendance du Québec, il y a injustice.
Il est 7h30 du matin, près de l’édifice-Marie Guyart. Luc Paquin s’installe proche du trottoir, tracts à la main. Louise Lacroix, une bénévole, se tient à ses côtés. Elle aussi est prête à distribuer des tracts. Derrière le candidat se trouve un autocar blanc. « On pourrait dire que c’est mon autobus de campagne! » lance-t-il en plaisantant. C’est parce que Luc Paquin n’a pas de véhicule de campagne, faute de moyens. Pas le temps de s’attarder longtemps puisque les premières vagues de passants débarquent aux arrêts du RTC de l’autre côté de la rue et se dirigent vers eux. M. Paquin commence à tracter. Il espère rejoindre autant des gens de sa circonscription de Québec que de l’extérieur. L’opération dure plus de deux heures.
Ce n’est pas la première fois de la campagne que l’ex-comptable s’adonne à cette activité. Il récidivera d’ailleurs le soir même, à l’entrée du Tam Tam Café, où se tiendra un débat entre quatre candidats adverses des grands partis. L’objectif est bien évidemment de se faire voir et d’offrir aux citoyens un avant-goût de la plateforme électorale de son parti méconnu.
Toutefois, faire la promotion de ses idées coûte cher : il a dépensé 9000$ pour l’impression des tracts seulement. Luc Paquin soutient quand même que pour lui, il ne s’agit pas du plus gros obstacle à sa campagne. « J’ai aucune inquiétude au niveau financier, » assure-t-il. « Je vois que ce n’est pas un mauvais investissement que je fais ».
La faute aux médias
Après une longue séance de tractage, Luc Paquin se dirige vers un café à quelques minutes de marche. Autour d’une tasse d’allongé, il évoque le vrai problème de la campagne selon lui : sa faible visibilité comparé aux six principaux partis. Selon lui, les médias favorisent trop grandement ces derniers. Le candidat de Québec déplore par ailleurs une couverture médiatique superficielle des enjeux politiques au profit du sensationnalisme. « Je trouve que la couverture médiatique actuelle est assez déplorable », laisse-t-il tomber, visiblement déçu.
Le fait que M. Paquin n’ait pas été invité à participer au débat du Tam Tam Café le soir même le dérange aussi un peu : seuls les candidats du Pati libéral, du Parti vert, du NPD et du Bloc Québécois débattront. Ils seront quatre participants. Quatre participants alors que la circonscription de Québec compte huit candidats enregistrés. De son avis, c’est un autre exemple de la faible importance accordée aux petits partis. « Normalement, dans les débats locaux, ils devraient inviter les petits partis aussi », soutient-il.
Malgré tout, le membre du Parti pour l’indépendance du Québec reste réaliste sur ses chances de victoire. Il espère au moins pouvoir se servir de sa candidature pour informer les citoyens de Québec d’enjeux qui le tiennent à cœur. Et quand on lui demande s’il se verrait en tant que député, il préfère répondre que « c’est un beau rêve ».
De l’espoir, mais pas trop
Pour Audrey Brennan, doctorante à l’Université Laval en sciences politiques, les candidats indépendants ou de petits partis ont toujours une grande difficulté à se faire élire. Seuls quelques facteurs peuvent les avantager face aux grands partis.
La notoriété, entre autres, est un atout de certains candidats et peut faire oublier l’argument partisan. Par exemple, c’est le cas pour des députés qui ont quitté leur parti et font campagne seuls, comme Jody Wilson-Raybould. La proximité avec les électeurs, surtout dans les communautés rurales, et le niveau d’information des électeurs, peuvent aussi jouer en leur faveur.
En tant qu’électeur cependant, le réflexe reste de voter pour le parti connu qui représente le plus ses valeurs. « Si on attribuent des étiquettes aux partis politiques, c’est plus facile pour l’électeur d’identifier ce qu’il pense des candidats », affirme Mme Brennan.
Guillaume Bédard, agent de presse de la candidate pour le Bloc Québécois dans Québec, Christine Gagnon, va dans le même sens : « Malheureusement […] ce qui fait la différence, c’est le monde qui suit le moins la politique, ce qui fait que c’est difficile pour les gens qui n’ont aucune visibilité. Ils n’ont aucune chance. »