Présentée à Premier Acte du 14 février au 4 mars derniers, la première production de la compagnie « La Brute qui pleure » arrivait au bon moment. Alors que les gens se remettent à peine de l’attentat à la Mosquée de Québec fin janvier, la pièce « Froid » aborde le sujet du racisme de plein fouet. Malgré la dureté des propos, il était pertinent, selon Dayne Simard, comédien et co-fondateur de la compagnie, de la présenter au grand public.

À l’affiche pendant près de trois semaines, la pièce raconte l’histoire de trois jeunes qui fêtent la fin de l’école. Ils déconnent et s’amusent mais parlent aussi de tuerie à l’endroit des étrangers et de pureté de la race suédoise. Arrive ensuite Karl, un Coréen d’origine, élevé en Suède, qu’ils incitent à rester au pays. Celui-ci accepte, un peu contre son gré, et le regrettera finalement alors que les autres le persécuteront.

Il faut noter que « l’idée de monter cette pièce-là est venue d’un exercice du Conservatoire », explique Dayne Simard. La compagnie a été fondée suite au dépôt du projet en 2015. Il était pertinent, selon David Bouchard, co-fondateur de la compagnie avec Dayne Simard, de la remonter avec tout ce qui est arrive à l’époque.

La pièce traite d’un sujet plutôt lourd, sinon violent. Dayne Simard affirme avoir trouvé les propos excessivement durs au départ. « Ce qui m’a le plus choqué, c est que ce soit des jeunes de 17 ou 18 ans qui ont la vie devant eux qui tenaient ces propos. » Au début, c’était difficile d’assumer les propos de ces jeunes-là. Monsieur Simard souligne cependant qu’à force de jouer, ses collègues et lui se sont forgé « une carapace. » Laquelle leur a permis ainsi de tenir des propos qu’ils ne tiendraient pas eux-mêmes.

Une pièce qui ne donne pas de réponse

Le propos de la pièce est un constat de ce que pourrait être la société. Selon Dayne Simard,
« c’est le genre de truc qui peut arriver, le genre de choses qu’on entend à la radio, dans la rue. » Selon lui, ce genre de discours entraîne fatalement de la violence. Le tout devient encore plus vrai lorsqu’on prend en compte les événements du 29 janvier dernier au centre culturel islamique. Cet événement tragique a d’ailleurs causé un certain malaise chez les comédiens. Mais le projet ayant été déposé dès 2015, « on ne pouvait pas reculer », souligne Monsieur Simard.

D’autre part, la crainte qu’avait Dayne Simard était que les gens se disent que ce genre de choses n’arrivent pas ici. C’est pourquoi le texte a été modifié en langage plus québécois. Le tout a rendu l’ensemble peut-être plus choquant pour les spectateurs. Mais le but était bien de choquer, de faire réagir le public. Aux dires de monsieur Simard, « si le public ne sort pas de là choqué, c’est que quelque part on n’a pas fait notre job ».