Une gigantesque murale composée de vingt portraits prend vie par l’image et les mots depuis le 6 octobre au coin des boulevards Charest et Dorchester. Composée de photos de citoyens et artistes de la Ville de Québec, elle est le résultat d’une collaboration entre le théâtre La Bordée et la compagnie Atwood photographie. Jean-François Bolduc, cofondateur et photographe d’Atwood, parle du travail acharné d’un an et demi qui a donné lieu à cette œuvre.

Exposée sur le mur de la Bordée, l’œuvre contribue à la beauté du quartier en plus de donner la parole à ceux qui l’habitent. Le soir, la murale s’illumine pour en dévoiler davantage sur les vingt modèles par le biais de citations tirées de pièces de la Bordée datant de 2019. Les participants ont été sélectionnés dans la communauté avec l’aide d’organismes tels qu’Entracte et le Centre d’apprentissage intensif (CAI). Leurs différentes histoires inspirantes sont exposées sur le site internet du projet Foule. Elles sont le résultat de nombreuses heures d’entrevues individuelles avec chacun des modèles.

Pour M. Bolduc et ses acolytes, il fallait mettre de l’avant la diversité et que malgré nos différences, nous sommes liés dans des parties de nos histoires. « On trouvait important de donner la parole à des gens qui ne l’ont pas, mais qui ont tellement de choses à raconter », commente le photographe. « Pour nous, le projet est la création d’un lien humain entre des histoires d’étrangers, une murale qui appartient au peuple et dont nous souhaitons qu’il soit fier. »

Le projet se veut une célébration de la communauté québécoise. « On voulait créer une œuvre qui fait du bien et qui démontre, par le biais des portraits et des citations, que le théâtre est le miroir de sa communauté », explique M. Bolduc.

Embûches et persévérance

La planification du projet avait commencé avant la pandémie de Covid-19. Son arrivée a compliqué certaines étapes. « Rejoindre nos participants pour faire les portraits et les entrevues était une tâche ardue durant le début de la pandémie », confie M. Bolduc. « En plus des subventions qui étaient annulées ou reportées, il a vraiment fallu persévérer pour y arriver. »

L’idée d’un lancement tombée à l’eau avec l’annonce de la zone rouge, les organisateurs ont aussi tenté avec misère d’avoir une couverture médiatique. « La pandémie était le sujet omniprésent des médias, il était difficile de faire parler de soi si on n’était pas lié », soupire M. Bolduc.

Le parcours n’était pas que parsemé d’embûches au moins. En plus de l’approbation de la Ville de Québec qui leur a donné une bourse de 4 000$, leur objectif de financement a été grandement dépassé. Ils ont aussi reçu de nombreux commentaires positifs des passants et reconnaissants des participants depuis l’installation.

Le photographe raconte qu’une modèle d’origine autochtone, après avoir vu des gens regarder son portrait et commenter le traitement des autochtones au Canada, était émue que son portrait ait permis d’entamer une discussion importante. « Ce projet nous a montré qu’on est un peuple résilient, capable de transformer l’adversité en beauté, et qu’il faut continuer de se serrer les coudes plus que jamais en temps que communauté », confie M. Bolduc.

 

Jean-François Bolduc et l’équipe de la Bordée voulaient créer une œuvre qui fait du bien et qui démontre que le théâtre est le miroir de sa communauté. (Crédit photo: Sarah Manzano)

 

Le théâtre La Bordée, en collaboration avec la compagnie Atwood, présente la murale Foule qui expose vingt portraits de membres de la communauté de St-Roch et Limoilou. (Crédit photo: Sarah Manzano)