Des animateurs de toutes générations occupent les ondes québécoises des radios communautaires et enrichissent les contenus par la diversité de leurs voix. Toutefois, il semble que les jeunes animateurs âgés de 18 à 30 ans soient de moins en moins présents dans ces stations, que ce soit pour apprendre le métier ou pour y partager leurs passions. Or, les opportunités ne manquent pas. 

 

Flore Bibeau, âgée de 26 ans, est animatrice bénévole depuis trois ans sur les ondes de CKIA 88,3, à Québec. Elle y produit, réalise et anime son émission hebdomadaire Tout sexe-plique. Se basant notamment sur son expérience, elle peut comprendre l’appréhension des jeunes face à l’animation radio au communautaire. « Je le ressens comme animatrice puisque ça demande beaucoup d’implication. Ça peut peut-être ralentir certains jeunes qui n’ont pas nécessairement le temps de s’investir », explique-t-elle.

Mme Bibeau souligne d’ailleurs l’apport important qu’a la relève dans la « mise à jour » de l’utilisation de la radio. « Je pense justement que la radio peut très bien être multiplateforme. Je sais aussi que les jeunes sont plus portés à écouter des émissions de radio en différé, en baladodiffusion, ce qui est une bonne chose aussi parce qu’on n’a pas toujours le temps d’écouter une émission en direct à une certaine heure », remarque-t-elle. Selon elle, la radio ne devrait pas se limiter à la diffusion en ondes. Les animateurs devraient se servir des réseaux sociaux pour faire la promotion des émissions passées et des baladodiffusions afin de rejoindre les jeunes d’aujourd’hui.

Ondes ouvertes

D’après Jessica Lebbe, directrice de la programmation et animatrice à CKRL 89,1, les jeunes ne sont pas au courant des opportunités qui s’offrent à eux en animant dans les radios communautaires. Pour certains, la crainte de ne pas posséder les compétences requises ni l’expérience nécessaire pour prendre en charge l’animation d’une émission freine leur élan. Pour l’équipe de Mme Lebbe, le recrutement est un défi qui se présente chaque année. « On va chercher les jeunes au Collège Radio Télévision de Québec (CRTQ), à l’Université Laval et même au Cégep Limoilou », déclare-t-elle. De plus, elle mentionne que les jeunes animateurs ne sont pas nécessairement des étudiants. « Les gens peuvent venir de n’importe où. Ils ne sont pas tous étudiants, et c’est ce qui fait la beauté de la radio communautaire à Québec ».

Cet hiver, la radio communautaire de l’Université Laval, CHYZ 94,3 offre une programmation comportant plus de 50 émissions. (Crédit photo : Gabrielle Morissette)

Selon la directrice, les radios communautaires assurent une formation adéquate aux nouveaux animateurs et encouragent la créativité des animateurs. « L’avantage, c’est qu’on les accompagne dans leurs projets. On parle ensemble et si ça nous plait, on embarque! C’est très rare que l’on refuse des projets. Les jeunes ont souvent une idée précise de ce qu’ils veulent faire et c’est plaisant », dit-elle.

Communautaire, mais de qualité

L’emploi du terme « communautaire » semble être un facteur qui explique le faible engouement des jeunes animateurs pour ce type de radio. Pourtant, Alain Dufresne, directeur du CRTQ, est convaincu que les radios communautaires n’ont rien à envier aux radios commerciales. « Prenez par exemple les radios communautaires en région comme à Carleton ou à Gaspé. Si je ne vous dis pas que ces radios-là sont communautaires, vous ne le saurez jamais », explique-t-il. Il ajoute d’ailleurs qu’elles sont administrées exactement de la même façon que n’importe quelle autre radio commerciale. Elles n’ont de communautaire que le nom et la structure. En entrevue, il affirme que former de jeunes animateurs représente un défi de taille, car la radio est un média qui s’adresse de moins en moins à eux.

Cette « vieille étiquette péjorative », comme disait M. Dufresne, qui donne l’impression que ces radios ne sont pas sérieuses ou de moindre qualité, n’est plus d’actualité. « Ça fait 25 ans que ce n’est plus comme ça. Les radios communautaires sont vivantes et vivent bien parce qu’elles sont faites par des gens qui sont tout aussi passionnés que ceux que l’on trouve dans les radios commerciales », s’exclame-t-il. Ces radios offrent aussi des voix et des émissions originales qui servent une clientèle négligée par d’autres radios. Par exemple, elles couvrent des émissions dédiées aux comédies musicales, au rap ou encore à la musique du monde.

« Les animateurs qui se privent d’aller vers la radio communautaire sont des animateurs qui ne savent pas ce que sont les radios communautaires », conclut le directeur du Collège. En ce sens, pour lui, les radios communautaires sont une tribune où peuvent heureusement être entendus des animateurs et des types de programmation qu’on ne retrouverait nulle part ailleurs.

(Source: ARCQ) Au Québec, 32 stations de radio sont membres de l’Association des Radiodiffuseurs Communautaires du Québec (ARCQ). (Crédit : Marie Boulet-Côté)