QUÉBEC – Écrivaine, journaliste, chroniqueuse, Geneviève St-Germain s’est livrée à une causerie sur son dernier livre Sœurs d’Âmes jeudi 24 octobre dans une ambiance feutrée au Studio P. La rencontre avait été organisée par le magazine La Gazette des Femmes.

Huit femmes au parcours différent se retrouvent dans une maison, une sorte de communauté où est organisée une soupe populaire. Cela pourrait rappeler le huit clos filmé par François Ozon où huit personnages féminins sont réunis dans une vieille demeure bourgeoise dans les années cinquante. Geneviève St-Germain va plus loin. Elle parle de l’évolution dans la spiritualité, du défi parfois dur de vivre uniquement entre femmes.

La figure emblématique de l’Homme

Dans son livre, Geneviève St-Germain décrit une autre société. Celle où l’homme ne prend pas une place prépondérante. Les figures masculines ont des rôles de méchants. «Ce livre n’est pas une fable. Il fallait que ça soit grossièrement planté pour que les femmes prennent une place centrale». Les hommes de l’histoire ne sont là que pour «faire contrepoids». Pendant la causerie, elle rappelle qu’«il faut se libérer des figures traditionnelles». Et si les femmes étaient au centre de la société ? Sœurs d’Âmes raconte ce bout d’utopie: celui où le genre féminin est fort et peut faire face à une société masculine.

Un pamphlet féministe

Le féminisme est un point central pour l’auteure. Elle  souligne que «quand on est féministe, il faut faire attention quand on parle». Il faut séduire, charmer pour garder une place dans cette société «où l’on se tait». Elle rappelle la facilité d’être «décrédibilisé(e)». Si le ton monte, «on va te considérer comme une féministe enragée s’il y a de la colère dans ta voix». Dans le livre, ces messages se retrouvent. Mais la femme prend une place différente que dans la société contemporaine. L’histoire place les huit personnages dans un contexte de huis clos. Une maison où elles vivent entre elles, un lieu où elles peuvent donner pour les autres, par le biais de la soupe populaire, mais aussi où elles se ressourcent et se découvrent.

Religion et spiritualité

Ces huit personnages se partagent la parole, aucune ne prend plus de hauteur qu’une autre. Elles sont sur le même plan. Au fil des pages, on découvre leur vie, leur espoir et ce besoin de prendre soin d’elles. Elles tentent d’y parvenir avec la spiritualité, mais «sans que cela (s’inscrive) dans une religion traditionnelle». Vivre en communauté dérange. Surtout si l’on parle uniquement de femmes. La seule référence de femmes qui vivent ensemble reste «les religieuses.» Mais la société peut évoluer. Cette histoire est un «fantasme» de l’auteur, même si elle avoue ne pas vouloir vivre en communauté maintenant.
Ce second livre marque un avancement dans la carrière déjà bien remplie de Geneviève St-Germain. L’idée de Sœurs d’Âmes lui est venue «comme ça». Mais l’auteure confie qu’à la base, elle voulait «faire un film, très moderne». Et l’écriture a pris le dessus. Pourtant habituée à la médiatisation, ce livre l’a mis dans «un royaume du doute».

Silence des médias depuis la sortie de Sœurs d’Âmes à l’inverse de son premier Carnets d’une désobéissante qui avait reçu un accueil très chaleureux.

Une auteure proche de ses personnages