Le Collectif RAMEN, un groupe de jeunes poètes de Québec, anime des soirées de poésie tous les 3e vendredis du mois à la librairie Saint-Jean-Baptiste. Chaque soirée met en valeur 3 invités de la relève. Une occasion pour ces invités de se professionnaliser en performant pour sur une scène publique, parfois pour la première fois.

« RAMEN a repris en 2016 le flambeau des soirées mensuelles organisées ici à la librairie Saint-Jean-Baptiste par le Collectif Réparation de poésie » explique Sébastien Émond, membre du conseil d’administration du Collectif RAMEN. « Des soirées populaires », ajoute Sébastien Émond en désignant du regard la foule qui occupe la totalité des sièges disponibles dans la salle.

 

Sébastien Émond présentait en exclusivité des extraits de son livre #monâme lors de la soirée RAMEN de septembre 2018. Crédit photo: Geneviève Morin

 

« On y invite trois auteurs de la relève, parfois en leur procurant l’occasion de s’exprimer pour la première fois en public! Les poètes invités repartent avec un cachet », ajoute Sébastien Émond. Se produire sur une scène en dehors des murs du Cégep ou de l’Université et recevoir un cachet sont des étapes qui permettent aux jeunes auteurs d’accéder au statut d’artiste professionnel selon la définition du Conseil des arts et des Lettres du Québec (CALQ). En effet, selon le CALQ, un poète, pour avoir le droit de faire une demande de subvention à titre d’artiste professionnel, doit : 1) Se déclarer artiste professionnel; 2) Créer des œuvres ou pratiquer un art à son propre compte ou offre ses services, moyennant rémunération, à titre de créateur ou d’interprète, notamment dans les domaines sous la responsabilité du Conseil; 3) Avoir une reconnaissance de ses pairs; et 4) Diffuser ou interpréter publiquement des œuvres dans des lieux ou un contexte reconnus par les pairs.

Pour la soirée de septembre 2018, c’est Sophie-Anne Landry, Laurence Caron-Castonguay et Emmanuel Pelletier-Michaud que RAMEN avait convié à monter sur les planches. Vous pouvez entendre un extrait du poème d’Emmanuel Pelletier-Michaud ci-dessous.

Les prestations des invités sont suivies d’une pause durant laquelle n’importe quel membre de l’assistance peut s’inscrire pour monter sur scène, à condition que son texte ne dépasse pas une durée de 3 minutes. C’est ce que le collectif nomme « La scène ouverte ». Le slammeur français Nino Mousset a été parmi les premiers inscrits à la scène ouverte de septembre 2018. Voyez un extrait de sa performance ci-dessous :

Un tremplin pour la relève

Faire partie des trois invités officiels d’une soirée RAMEN est une opportunité prisée par les jeunes auteurs, explique  Sophie-Anne-Landry en prenant sa propre situation en exemple : « Je peux encore me considérer comme une écrivaine de la relève, parce que j’ai seulement un recueil à mon actif […] j’ai fait beaucoup de spectacles littéraires, mais jamais comme auteure principale.

« Je découvre encore tous les jours ma voix personnelle. Je crois que je chemine encore vers une professionnalisation ».

– Sophie-Anne Landry

 

Le milieu littéraire officiel reconnait le dynamisme que le Collectif insuffle à la relève littéraire. Pour Hélène Matte, artiste pluridisciplinaire présente sur la scène littéraire de Québec depuis plus de 20 ans, « RAMEN participe à la vivacité culturelle de Québec de manière très active (…) il sait rassembler jeunes et moins jeunes et encourager les prises de parole poétiques. RAMEN ce n’est pas seulement la relève, c’est une relève autogérée, créative et efficace. »

De plus, à  l’été 2018, deux recrues de RAMEN ont remporté les bourses de mentorat du programme Première Ovation. Ces bourses permettent à leurs récipiendaires de retravailler leur manuscrit sous la supervision d’un écrivain professionnel. L’objectif est de bonifier le manuscrit jusqu’à ce qu’il soit d’assez bonne qualité pour être proposé à un éditeur. Les membres boursiers de RAMEN sont : Sébastien Émond pour son roman Nolan apprend la nuit (mentor : Éric Simard) et Laurence Caron-Castonguay pour son recueil de poésie Iels chez les nunavimmiut (mentore : Marie-Andrée Gill). Sébastien Émond vient également de faire paraître aux Éditions Hashtag son tout premier recueil de poésie, #monâme.