La culture va bien au-delà du concert de musique, d’un film au cinéma, d’une visite au musée ou d’une exposition de Monet ou de Picasso. Certains la définisse comme un phénomène social auquel chaque individu participe, alors que d’autres voient par les arts et culture, une façon de se positionner et de contrebalancer le poids de la culture de masse.

D’autres encore, comme la co-directrice et co-fondatrice de l’organisme Les Incomplètes Laurence Primeau-Lafaille, ont une conception plus explicite de la culture: « pour moi la culture, c’est aussi d’aller au marché public, de jaser avec le maraîcher et la productrice de savon, de boire une bière avec des gens que je ne connais pas encore, d’assister à un petit concert improvisé; c’est tout ça ».

Laurence Primeau-Lafaille, co-fondatrice de l’organisme Les Incomplètes à Québec, souhaite une plus grande accessibilité et une meilleure valorisation de la culture, notamment chez les jeunes enfants (Crédit photo: Linkedin).

La culture dès l’enfance

Selon Mme Primeau-Lafaille, une partie du problème en ce qui concerne l’accessibilité de la culture, se situe au niveau du très jeune public, soit de 0 à 2 ans. Cette catégorie d’âge est en effet très peu considérée par l’offre culturelle actuelle. C’est pourquoi depuis 2011, l’organisme tente de remédier à la situation en mettant en place divers projets dans lesquels s’entremêlent les arts vivants, visuels, médiatiques et numériques. Les Incomplètes vise par le fait même à offrir des contenus culturels à cette catégorie de spectateurs qu’elle considère «défavorisée ». 

 

Le rôle du parent dans tout ça !

Afin de faciliter l’accessibilité de l’industrie culturelle auprès des enfants, le rôle des parents est tout aussi important que l’organisme qui en fait la promotion. Cependant, il n’est pas toujours évident pour ces derniers, d’assumer et de comprendre ce rôle de médiateur culturel : « c’est sûr que si tu es une personne qui n’a jamais été au théâtre de ta vie, comment tu veux avoir le réflexe d’amener ton enfant par exemple à la maison du théâtre ou au théâtre les Gros Becs » souligne à cet effet Mme Primeau-Lafaille.

De plus plusieurs parents se montrent réticents et méfiants à l’idée d’amener leur enfant voir une représentation d’une trentaine de minutes, de peur qu’il ne soit pas en mesure de garder leur calme. Or, Mme Primeau-Lafaille affirme que ce sont ces parents qui sont le plus souvent surpris par la capacité de leur enfant à plonger dans l’univers des artistes.

Un manque flagrant d’études

Malgré le fait que le milieu culturel existe depuis toujours, ses impacts auprès des populations ne sont pratiquement pas mesurés et quantifiés. Il n’existe en effet, que très peu de statistiques et de recherches sur les effets de la culture, comparativement par exemple aux études des effets d’une alimentation saine et du bien-être de l’exercice physique. Selon Mme Primeau-Lafaille, « tant qu’on n’a pas de données probantes sur ce que la culture transforme chez un être humain, petit ou grand, ce sera difficile de l’argumenter et de le justifier ».

Du chemin à parcourir

Récemment, la Ville de Québec, en partenariat avec le gouvernement du Québec, a annoncé un investissement important afin d’améliorer les stratégies de communication visant la valorisation de l’offre culturelle, notamment auprès des jeunes. Mais au-delà du financement, Mme Primeau-Lafaille croit que l’effort de valorisation doit se faire de manière générale et non seulement auprès des jeunes : « il faut que le regard de la société au complet change sur ce qu’est la culture et sur l’importance qu’elle a dans nos vies ». Elle souhaite également voir disparaître certains préjugés à l’égard du milieu culturel : « on doit arriver à se défaire de cette charte d’élitisme qui est constamment reliée aux arts et à la culture. Comme si la culture s’adressait seulement à une partie de la population, aux gens riches ou éduqués ou aux artistes ».

Bien plus qu’une simple question de transmission

Dans le milieu scolaire, la culture se manifeste souvent par l’éducation et l’enseignement ou encore dans un contexte parascolaire. Cela dit, afin de faciliter son accès et surtout, d’augmenter l’intérêt des jeunes envers la culture, il est essentiel de bien l’encadrer. C’est du moins ce que pense M. Lessard, qui enseigne la littérature et la communication au niveau collégial depuis plusieurs années. « La culture, ce n’est pas une matière avec une visée pédagogique comme les autres; au sens où on souhaite la transmettre et la partager, autant, sinon plus que de l’enseigner ». Cela implique donc un processus dans lequel l’enseignant est davantage dans une position d’échange et de dialogue, que dans un contexte éducatif.

M. Lessard déplore le manque d’intérêt généralisé de la part des étudiants envers l’industrie culturelle. Celui qui cherche sans cesse des nouvelles façons de dynamiser ses cours, s’est notamment donné comme objectif de partager une partie de ses connaissances en matière de culture, au début de chacune des périodes qu’il enseigne. Il affirme qu’à mesure que les sessions se succèdent, le niveau de connaissance des étudiants diminue.

Pour Louis Jacob, la culture est complexe et évolue constamment (Crédit photo – Université du Québec à Montréal).

Pour Louis Jacob, professeur au département de sociologie à l’UQAM, « la culture n’est pas que transmission, mais aussi invention, production, expression, circulation et échange ». Il ajoute que les médias ont un rôle important à jouer pour faciliter l’accès à la culture, soit celui de la diffuser et de la faire rayonner. Questionné sur la possibilité que l’industrie culturelle traverse actuellement une crise, M. Jacob est mitigé puisque selon lui, l’avenir de la culture a toujours été et demeure encore à ce jour incertain.