La communauté adepte de l’univers médiéval fantastique est particulièrement comblée dans la ville de Québec: elle bénéficie de nombreux lieux de divertissement dans la thématique de cette ère.

On peut notamment remarquer la présence de nombreux lieux de rencontre des amateurs du médiéval fantastique comme le festival Celtique de Québec ou encore les soirées d’antan du restaurant la Chope Gobeline. À l’Université Laval, il existe même une troupe de jeu de rôle grandeur nature, les Seigneurs de Naguère.

Ces commerces offrent un cadre et une ambiance typique de l’âge médiéval, avec une touche de magie propre à la littérature fantastique. Les plats, la musique et les activités sont à l’image des traditions de cette époque. L’artisanat québécois s’y donne aussi à cœur joie en confectionnant des accessoires et des accoutrements thématiques.

« D’une passion est née une idée, qui aujourd’hui permet d’aider des artisans locaux d’ici, » Anne-Marie « Blanche » Bédard à propos de son restaurant la Chope Gobeline.

Pour Eric Van Der Scheuren, professeur de littérature médiévale à l’Université Laval, c’est un genre qui fascine par ses diverses métaphores de luttes sociales actuelles, en dépit du contraste avec la réalité de cette sombre époque. Dans la ville de Québec, il existe une communauté de gens qui sont fascinés par les légendes et l’héritage du Moyen-Âge. « La ville de Québec reste une forteresse, bien que ses plans soient ceux du 17e siècle, le Québec fut créé bien après le Moyen-Age, » rappelle le professeur Van Der Scheuren. Cette tendance, qui s’imprègne des traits d’une ancienne période historique, influence les intérêts des Québécois.

Pour ce professeur en littérature ancienne, le creuset géographique avec des remparts fait en sorte que Québec ressemble à une ville médiévale. Cela expliquerait d’une part cet attrait culturel.  Il estime qu’il faut prendre en compte différents enjeux pour s’expliquer l’engouement des Québécois autour de cette culture. « Il y a un aspect anthropologique qui se crée avec l’arrivée des colons avec un héritage historique et culturel ». L’héritage colonial des Irlandais, Français et Anglais venus de l’Europe repose sur l’empreinte de cette période historique pour laquelle aujourd’hui de nombreux jeunes trouvent le moyen de s’évader au travers l’imagerie fantastique.

« Il ne faut pas oublier l’aspect marketing, Québec est une ville de tourisme. Donc, donner une dimension médiévale à la ville en élargissant finalement sa temporalité et en même temps en jouant sur le fantastique joue un rôle », ajoute le professeur de littérature médiévale. Connaissant ainsi son point fort, Québec mise sur cette renaissance culturelle pour attirer l’œil extérieur sous divers commerces et activités culturelles.

 

L’utopie de l’époque médiévale par le fantastique

Dominic Harvey est un écrivain Québécois qui achève sa trilogie médiévale fantastique. Il s’inspire notamment du Seigneur des Anneaux pour créer un monde à part entière, de sa cosmogonie à sa culture. Selon lui, c’est « Le fait qu’on puisse créer un monde comme on le voit, comme on aimerait qu’il soit. Le fait qu’on puisse s’évader dans un monde où la morale prend le dessus, où l’histoire finit bien» qui fascine autant les fans de ce genre littéraire. 

L’idéalisation romantique qui se fait de la période médiévale correspond très peu aux réalités du Moyen-Age européen. « Je pense que ça fonctionne avec une survalorisation de la vision du Moyen-âge, je ne veux pas dénigrer cette époque, mais les statuts des femmes est épouvantables, l’espérance de vie est à 30, 35 ans, il y a la mortalité infantile…, » rappelle Eric Van Der Schueren. Bien que de nombreux facteurs fassent du Moyen-âge une période obscure dans l’histoire de l’Europe, le succès des festivals et autres lieux de rencontre des communautés de médiéval fantastique semble perdurer auprès des Québécois.