L’essai Le retour du bon sauvage : la matrice religieuse de l’écologisme écrit par Jérôme Blanchet-Gravel vient d’être publié. L’auteur lance des flèches aux mouvements écologistes carburant selon lui à la haine de l’Occident. Il les compare à des religions politiques.

Rencontré dans le cadre du lancement de son livre à la Librairie du Quartier à Québec, le 20 octobre dernier, Jérôme Blanchet-Gravel a affirmé que la thèse de son livre lui était venue lorsqu’il s’est intéressé au phénomène de la «haine de l’Occident» et du multiculturalisme durant la rédaction de son premier ouvrage Le nouveau triangle amoureux : gauche, islam et multiculturalisme. «Je me suis posé la question : pourquoi les écologistes sont-ils favorables au multiculturalisme ? Les écologistes aiment les immigrants parce qu’ils ont le fantasme du bon sauvage, c’est-à-dire que l’immigrant qui est issu d’une autre culture aurait une spiritualité susceptible de redynamiser l’Occident.»

Selon l’auteur et doctorant en science des religions à l’Université Laval, la crise environnementale que traverse l’Occident pousserait les groupes écologistes à idéaliser les immigrants pratiquant des religions orientales. «On baigne dans le fantasme. On est pire que dans l’idéologie, on est dans l’imaginaire. Les écologistes ont développé une vision Pocahontas-Walt Disney du monde.» Selon ce postulat, les immigrants issus des religions orientales pourraient transmettre une sagesse ancestrale à l’Occident sacralisant la nature et encourageant des mesures écologistes et environnementales comme le recyclage et le compostage.

Pour Jérôme Blanchet-Gravel qui a abordé la question écologiste avec des immigrants de confession religieuse orientale, eux-mêmes croient que cette vision fantasmée de leur religion et de leur spiritualité est du «n’importe quoi».

Scepticisme

Questionné à propos de la parution du livre, Bruno Massé, coordonnateur du Réseau québécois des groupes écologistes, est sceptique. Il croit que les idées défendues par Jérôme Blanchet-Gravel sont similaires aux propos de l’ancien député et ministre péquiste de l’environnement, Jacques Brassard, dans son livre «Hérésies» paru en 2013.

Dans un billet publié dans le «Huffington Post», il avait alors répondu à Jacques Brassard que l’écologisme est un vaste mouvement social à l’échelle planétaire basé sur des données scientifiques. Il défend toujours ces propos et trouve que le postulat liant la religion et l’écologisme est «insultant» pour le mouvement.

Jérôme Blanchet-Gravel ne se qualifie pourtant pas de «climato-sceptique» et croit que les enjeux environnementaux ne doivent pas être niés. Bruno Massé serait lui-même prêt à un dialogue avec des auteurs comme Jacques Brassard et Jérôme Blanchet-Gravel. Il voudrait aussi engager avec eux un débat sur les questionnements rationnels posés par l’écologisme.