QUÉBEC — L’imaginaire sensuel de la romancière Nancy Huston s’est infiltré entre les murs de la ville pour l’ouverture du festival, Québec en toutes lettres. Les friands de littérature l’ont écouté chuchoter les déboires de la photographe Rena Greenblatt.

Des notes aux accents jazz-blues et des paroles transcendantes s’échappaient de la petite chapelle du Musée de l’Amérique francophone, vendredi 11 octobre, Côte de la Fabrique.

Nancy Huston et un pianiste renommé, Édouard Ferlet, y ont donné leur première représentation de Rena et les monothéismes, une lecture concert tirée de son roman publié en 2010, Infrarouge.

Elle met à nu l’absurdité des religions et révèle leurs travers avec des récits poignants. Elle donne corps et voix aux femmes, tantôt considérées comme source de plaisir charnel, tantôt perçues comme objet qu’il faut cacher de la vue des hommes.

«Un homme n’a pas de doutes. C’est lié au rôle de l’homme. Quand il rencontre une belle femme, il doit la séduire. Il doit coucher avec elle. La notion de devoir entre en jeu. Je peux ne pas avoir de désir mais je me dis vas-y, sinon tu n’es pas un homme! C’est pour me rassurer. C’est le rapport au sexe», a-t-elle déclamé.

Marquer les esprits

La présence scénique de l’artiste a donc marqué les esprits. Le public se sent conquis et subjugué par la passion investie par les compositeurs dans leur représentation. «J’ai trouvé que, sur scène, elle avait une très belle grâce dans sa façon de s’exprimer, mais aussi dans sa façon de se mouvoir, de danser, de faire corps avec la musique », a conclu Bastien Bunaux après avoir assisté au spectacle.

Pour sa 4ème édition, le festival Québec en toutes lettres est placé sous le thème de Gabrielle Roy et l’imaginaire des femmes. L’événement littéraire avide du rayonnement de ses auteurs, met en relation la littérature québécoise et mondiale.

L’imaginaire féminin

Pour marquer son coup d’envoi, il accueille une auteure contemporaine aux couleurs internationales. En effet, Nancy Huston a débuté sa vie au Canada, apprivoisé son destin aux États-Unis et pris son envol artistique à Paris.

«Elle représente très bien notre thématique. Elle aborde, dans son œuvre, plusieurs facettes de l’imaginaire féminin comme la sexualité et le corps ou encore la maternité et ses liens avec la création», affirme Marie-Ève Charlebois, relationniste de presse du festival.

Effectivement, l’écrivaine dresse le tableau d’une multitude de cultures où elle évoque la place de la mère dans les différentes sociétés. «J’ai trouvé qu’il y avait beaucoup de contrôle des femmes, mais pas juste par les hommes, également par les femmes elles-mêmes ! Ce qui me fascine tout le temps, c’est que les mères se soient rabattues sur leurs filles pour supporter leurs propres vies», explique Gérard Nadeau, l’un des spectateurs de la salle.