Le mardi 20 mars, la diaspora iranienne célébrait l’entrée dans l’année 1397… selon le calendrier perse. La Norouz ou « Nouveau Jour » comme on l’appelle en Farsi (la langue persane) est le symbole de l’arrivée du premier jour du printemps. À cette occasion, L’Exemplaire a rencontré des familles iraniennes présentes à Québec prêtes à célébrer leur nouvelle année.

Comme une impression de Noël en mars. Plus d’une centaine de personnes venues d’Iran sont réunies vendredi 23 mars à Québec pour célébrer la Norouz, la nouvelle année perse. Hannah, 31 ans, ne raterait pour rien au monde cette Fête du printemps, symbole de la vie et de la renaissance :

« Norouz est la coutume la plus importante pour nous. C’est la fête où l’on se rassemble, où l’on est ensemble. Je me sens comme à la maison de pouvoir la célébrer ici. »

Au programme accolades, danses typiques, karaoké des chansons de la chanteuse Gougoush – la Céline Dion iranienne – cuisine locale et traditions.

 Depuis des siècles, cette fête est célébrée, peu importe l’origine ethnique, la religion ou les opinions politiques des participants.

La pratique la plus courante du Norouz est la mise en place de la table des Haft Sîn. Sur cette table sont disposés sept éléments qui ont chacun une symbolique particulière. En général, les familles iraniennes se rassemblent autour de celle-ci en attendant le passage à la nouvelle année.

Ci-dessus, les éléments de la table des Haft Sîn et leurs éléments additionnels. Cliquez sur les loupes pour découvrir leur signification.

La renaissance de l’être est une des caractéristiques principales de la fête de Norouz. Elle symbolise une nouvelle vie, un nouveau départ.

À la recherche d’une vie meilleure

En posant le pied au Québec le 10 octobre 2010, c’est ce que Pantea et son mari, Hamid sont venus chercher.

« La liberté dans notre pays est relative. L’économie du pays n’est pas stable. Les gens sont pauvres. Cela a beau être un pays riche en matière pétrolière, le gouvernement ne fait rien pour les gens qui y vivent » avance Hamid.

Pour Pantea et Hamid, la fête de la Norouz est un moyen de rester en contact avec leur culture. (Crédit : TW)

« Ici, nous sommes venus chercher une vie meilleure, poursuit Pantea. Au début, nous avions beaucoup de stress. Nos proches n’étaient plus là, trouver un travail n’était pas garanti. C’est comme si nous étions partis de zéro. »

Psychologue de formation, aujourd’hui, la jeune femme exerce son métier à Québec, et ce, depuis sept ans.

« Dorénavant, nous sommes heureux. Les enfants vont à l’école ici, ils parlent français. Venir ici nous ramène à des souvenirs. Pour nous, Norouz est un moyen de rester en relation avec notre communauté, les enfants ne doivent pas oublier d’où ils viennent », affirme-t-elle.

À une autre table tout près, l’ambiance est joyeuse. Shadi et Afshar sont assis avec leurs deux enfants et saluent des amis. Ils sont depuis 10 ans au Canada et ne regrettent pas leur choix :

« Le Canada a eu notre faveur, car c’est un pays qui est calme, plus sécurisé que l’Iran. Nous voulions partir pour améliorer notre qualité de vie. Économiquement, c’est un pays stable et il accepte les immigrants », explique Afshar, estimateur dans le domaine de la construction.

Afshar (à gauche) et Shadi (à droite) posent avec leurs enfants lors de la fête de la Norouz. Comme beaucoup d’Iraniens, ils ont choisi de partir de leur pays pour vivre une meilleure vie. (Crédit : TW)

Le Canada, destination de choix

Selon les chiffres du recensement 2016, ils seraient 154,425 Iraniens au Canada en 2016 et 17,760 au Québec. La Belle Province occupe la troisième position dans la région d’accueil des Iraniens. La première étant l’Ontario avec 86,810 Iraniens.

Par rapport aux nombre d’immigrants iraniens, les provinces canadiennes sont loin des États-Unis et plus particulièrement de la Californie où selon le bureau du recensement américain de 2016, pas moins de 209,875 Iraniens vivent sous le soleil. La ville de Los Angeles accueille à elle seule 60,125 Iraniens. Un quartier de la ville des anges porte le surnom de Tehrangeles. Le jour de la Norouz est même déclaré jour férié à Los Angeles.

Shadi est consciente de la chance qu’elle a d’être ici « Nous avons trouvé un emploi tous les deux ici et nous nous sentons bien. Quand nous sommes arrivés, le marché était favorable au Québec. L’adaptation s’est faite progressivement ». Et quand on lui parle de la chose qui l’a le plus marquée à son arrivée, la réponse ne se fait pas attendre « La neige ! Je n’en avais jamais vu autant », reconnaît-elle en souriant.

 

Le choix de partir aux États-Unis : « Avec du recul, j’aurais choisi une autre destination ».

Née en Iran, Lily a pris la direction de la Nouvelle-Angleterre en 1992 pour rejoindre ses deux frères. « Je voulais étudier et être diplômée d’une université en génie civil. »

À la fin des années 90, Lily devient citoyenne américaine, mais reste tout de même attachée à ses racines. Elle fête la Norouz chaque année en compagnie de ses filles, nées aux États-Unis : « Je voulais leur transmettre ces valeurs », explique Lily. Sa fille Ava acquiesce : « Pour moi, la Norouz est importante. C’est quelque chose de joyeux, d’amical. »

Pourtant, avec le recul, Lily aurait sans doute choisi une autre destination : « Je pense que si j’avais eu la culture générale que j’ai maintenant, j’aurais été en Californie. 

Quelques-uns de mes meilleurs amis sont allés au Canada, en Australie… (…) Et la situation quant aux avantages sociaux à l’air mieux là-bas que chez nous », note-t-elle.