L’importance du Gaboteur

Le Gaboteur offre du contenu en français écrit pour la communauté francophone de Terre-Neuve-et-Labrador. Il est important de savoir que les francophones terre-neuviens et labradoriens ne représentent qu’environ 0.5% de la population totale de la province. Bien que la majorité de la population francophone soit concentrée à St-Jean deTerre-Neuve, certains de ses membres demeurent aux quatre coins de la province.

Le journal permet de créer un lien culturel qui unit tous les francophones de Terre-Neuve-et-Labrador. Ainsi, les gens sentent qu’ils font partie d’une même communauté et qu’ils partagent des caractéristiques non seulement langagières, mais aussi culturelles communes. Dans un milieu majoritairement anglophone, Le Gaboteur inspire un sentiment rassembleur unissant les membres de la francophonie de Terre-Neuve-et-Labrador.

De plus, Le Gaboteur, étant un bimensuel plutôt qu’un quotidien, concentre son contenu sur les différents enjeux et événements qui touchent de près les membres de la communauté francophone. Le contenu du Gaboteur tente d’aborder des sujets qui ne sont pas traités dans les quotidiens anglophones de la province. 

D’ailleurs, comme l’explique Josette Brun, professeure à l’Université Laval, les journaux francophones en milieu minoritaire ont une très grande importance et occupent une place unique dans leur communauté.

Les enjeux

Le Gaboteur, comme tous les autres journaux, doit faire face à différents enjeux.

Le financement

D’abord, l’un des principaux enjeux entourant Le Gaboteur est lié à son financement. Comme le dénonce l’honorable sénatrice Maria Chaput, les normes et les critères gouvernant le Fonds du Canada pour les périodiques ont des impacts négatifs sur le financement de plusieurs journaux francophones en milieu minoritaire. 

Bien que les règles du Fonds du Canada pour les périodiques ne semblent pas avoir nui au Gaboteur au courant des dernières années, un changement au niveau de celles-ci pourrait venir améliorer la position financière du journal.

Selon les rapports annuels et les états financiers du Gaboteur, le journal a dû faire face à d’importantes réductions budgétaires au cours des dernières années. Celles-ci peuvent être attribuées aux baisses significatives des revenus publicitaires. En effet, le gouvernement fédéral a diminué de beaucoup ses achats d’espaces publicitaires dans le journal. Entre 2012 et 2014, les revenus provenant de publicités fédérales sont passés de 58 074$ à 30 281$, ce qui représente une diminution de près de moitié. Malheureusement, comme le mentionne l’honorable Maria Chaput, cette diminution des publicités.

La grandeur et l’étendue de la communauté francophone

Un autre enjeu important qui pose certains défis à l’équipe du Gaboteur est le fait que la communauté francophone de la province de Terre-Neuve-et-Labrador est très petite et qu’elle est dispersée sur tout le territoire. En plus d’être dans un milieu anglophone, les Franco-Terre-Neuviens et les Franco-Labradoriens ne représentent que 0.5% de la population totale de la province avec un nombre de citoyens s’élevant à 2480 en 2011. Comme l’explique l’honorable Maria Chaput, cette situation impose divers défis au Gaboteur.


Ainsi, Le Gaboteur doit, entre autres, tenter de couvrir adéquatement tous les sujets et événements affectant les francophones demeurant aux quatre coins de la province. De plus, il doit essayer de rejoindre la majorité de ses lecteurs tout en insufflant à ceux-ci, grâce à son contenu, un sentiment d’appartenance à la communauté francophone de Terre-Neuve-et-Labrador.

Les stratégies

Malgré les nombreux obstacles auxquels Le Gaboteur est confronté, les membres du personnel continuent de développer certaines stratégies afin d’assurer la survie du journal francophone dans la province de Terre-Neuve-et-Labrador.  

L’abonnement numérique

Avec l’essor d’Internet, les dirigeants du Gaboteur ont décidé, depuis janvier 2014, de prendre un tournant numérique et d’offrir la possibilité aux lecteurs de lire le journal en format papier ou électronique.  

Le format électronique offre divers avantages. En effet, il permet de satisfaire une clientèle qui est attirée par le fait de pouvoir accéder au journal partout et en tout temps grâce à l’Internet. De plus, il offre une meilleure accessibilité au journal pour les personnes résidant dans des régions éloignées ou isolées.

Cependant, le tournant numérique ne se fait pas gratuitement et amène de nouveaux défis aux journaux tels Le Gaboteur, comme le mentionne Colette Brin, professeure à l’Université Laval.


Aussi, comme l’explique Jacinthe Tremblay, codirectrice du journal Le Gaboteur, bien que le format électronique ouvre des portes pour le futur, le format papier continue d’être le plus utilisé par les lecteurs.

Plusieurs éléments pourraient expliquer cet intérêt pour le format papier comparativement au format électronique. En effet, les lecteurs de quotidiens aiment bien avoir un accès continu aux dernières nouvelles de l’actualité, ce qui peut les pousser à prendre le virage numérique. Cependant, étant un bimensuel, Le Gaboteur n’offre pas de nouvelles dites « chaudes », ce qui prive les lecteurs du besoin d’un accès immédiat au journal. Ainsi, ils peuvent se permettre d’attendre pendant quelques jours la réception de leur exemplaire.

Par la suite, la version électronique du Gaboteur n’apporte aucun avantage supplémentaire aux abonnés. En effet, elle ne propose pas de contenus exclusifs. De plus, le prix d’abonnement au Gaboteur est de 22.60 $ annuellement, et ce, peu importe le format du journal.

Finalement, plusieurs personnes aiment encore tenir un journal papier dans leurs mains et tourner les pages. Ainsi, il est important que Le Gaboteur conserve son format papier.

Une nouvelle clientèle

Ayant déjà rejoint la majorité de la population francophone de Terre-Neuve-et-Labrador, les dirigeants du Gaboteur ont décidé de cibler une nouvelle clientèle : les élèves des écoles anglophones offrant une immersion en français. À Terre-Neuve-et-Labrador, en 2014, il y a environ 10 000 élèves de la maternelle à la 12e année qui fréquentent des classes d’immersion française. De plus, environ 360 élèves sont inscrits dans l’une des cinq écoles du Conseil scolaire francophone provincial de Terre-Neuve-et-Labrador (CSFP). À l’Université Memorial, se sont près de 1 300 étudiants qui suivent des cours de français.

Comme le mentionne Henry Jordan Elliott, l’un des lecteurs du journal, Le Gaboteur est un outil permettant aux étudiants anglophones dans des programmes d’immersion de français ainsi qu’aux francophiles de parfaire leur apprentissage du français.

Le journal offre un contenu qui est adapté à une clientèle dont le français n’est pas nécessairement la langue maternelle. En effet, il fournit des textes courts au vocabulaire simple ainsi que des photoreportages. Aussi, Le Gaboteur offre certains jeux tels des mots cachés et des mots croisés aux lecteurs, en plus de leur proposer de participer à des activités communautaires en français dans leur région.

En ciblant cette nouvelle clientèle anglophone, les dirigeants du Gaboteur ont pu augmenter de manière considérable le nombre d’abonnements au journal. De plus, le journal pourrait continuer sur sa lancée en tentant d’attirer une partie des 23 585 personnes dans la province qui déclaraient avoir des connaissances en français lors du recensement de 2011. Ainsi, il est possible que les abonnés anglophones en situation d’immersion francophone ainsi que les lecteurs francophiles soient ceux qui permettent d’assurer la survie du Gaboteur dans la province de Terre-Neuve-et-Labrador.

Lien annexe :

Travail des étudiants.