QUÉBEC – Les animaux sauvages risquent de plus en plus de faire partie de notre environnement immédiat prévient Jean-François Dumont, biologiste pour le ministère et coordonnateur grande faune, animaux à fourrure et petit gibier pour la région de la Capitale-Nationale.  « La limite entre le milieu naturel et le milieu urbain s’amenuise, souligne-t-il. Les interactions entre la faune et les gens s’accentuent ». De plus, selon lui, le phénomène est double : « Il y a de la faune en milieu urbain et il y a des gens qui ont passé la majorité de leur vie en milieu urbain qui débarquent en campagne et qui deviennent très intolérants à la faune autour d’eux ».

De fait, en ce qui concerne Québec, M. André Desrochers, membre du Centre d’étude de la forêt de l’Université Laval et spécialiste de l’écologie animale, estime que « le périmètre de la ville s’est éloigné du centre-ville d’environ 2 km. « Ça fait beaucoup de milieux naturels qui sont disparus », convient-il.

C’est pourquoi M. Denys Pelletier, directeur-général de la Société protectrice des animaux (SPA) de Québec, invite à faire preuve d’indulgence envers ces petits animaux. « Je pense qu’il faut faire preuve d’une certaine tolérance, mais tout le monde n’a pas le même niveau de tolérance », concède-t-il. « Si la cohabitation apparaît correcte, pourquoi se fatiguer avec ça? S’il y a une nuisance, des dégâts, oui, ça peut être désagréable et ça peut être justifié. Ça peut valoir la peine de relocaliser l’animal ».

M. Pelletier explique dans la vidéo suivante la procédure à suivre pour tout citoyen qui serait aux prises avec un animal provenant de la petite faune, par exemple un raton-laveur ou une mouffette :

La faune urbaine possède une capacité d’adaptation extraordinaire qui l’amène à accepter de partager son territoire avec l’espèce humaine. Cependant, Jean-François Dumont ne croit pas que la proximité de ces animaux avec l’être humain leur fasse perdre leur caractère « sauvage ».

Et les animaux à plumes?

On pense facilement aux animaux terrestres qui sont incommodés par l’emprise de leur territoire par l’être humain, mais les oiseaux aussi subissent les contrecoups de l’étalement urbain. André Desrochers est bien placé pour le savoir, lui qui observe depuis plusieurs années le comportement des oiseaux dans la région de la Capitale-Nationale. « Oui, les oiseaux peuvent se déplacer rapidement, mais acquérir un territoire ce n’est pas facile. Il va y avoir de la compétition », précise-t-il.

« On a découvert que l’étalement urbain est responsable d’environ un quart des tendances de population des oiseaux. Il est le principal fléau pour les populations d’oiseaux dans la région, [car] il attire ces fameux prédateurs comme les ratons-laveurs et les corneilles », mentionne-t-il.

« Il y a un chambardement de la communauté écologique en ville », constate M. Desrochers qui n’est pourtant pas prêt à tirer la sonnette d’alarme. « La nature est en constant changement alors je vois les changements qu’on fait dans un milieu urbain avec la faune comme une expérience intéressante plutôt que comme un cataclysme », reconnaît-il.

Concilier

La conciliation entre animaux sauvages et citoyens n’est pas toujours facile. Plusieurs organismes travaillent donc(enlever) à s’assurer que le partage du territoire se fasse sans heurt. Au ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs, c’est la prévention qui prévaut. « La présence des animaux inopportuns, dans 95% des cas, sont liés à de mauvaises pratiques des citoyens, que ce soit du nourrissage, (ou) le mauvais entreposage des déchets domestiques », explique Jean-François Dumont. « Souvent, on règle les problèmes en forçant les voisins à se parler et à cesser des pratiques qui occasionnent la présence de ces animaux-là ».