Gabrielle*, une victime d’agression sexuelle qui s’est entretenue avec L’Exemplaire, réclame une meilleure capacité d’adaptation des établissements scolaires envers les demandes des victimes. Sa revendication fait écho aux articles publiés par le Journal de Québec sur Alexia*, une élève de l’école secondaire du Havre-Jeunesse, dans Lanaudière, qui s’est fait agresser sexuellement par un autre élève. Cette dernière a finalement pu être transférée d’école, même si la bureaucratie scolaire a compliqué ce processus.
Le dossier d’Alexia a d’ailleurs été judiciarisé et son présumé agresseur doit comparaître en cour cet automne. Selon Gabrielle, victime de 20 ans qui en avait 14 lors de son agression, ce recours démontre que, souvent, faute d’accommodements à leur endroit, les victimes n’ont d’autre choix que de dénoncer, et cette dernière avenue peut parfois entraîner des conséquences néfastes et sérieuses sur leur qualité de vie.
« Il y a vraiment cette croyance-là de : “C’est ta responsabilité, faut que tu ailles dénoncer, faut que tu prennes les recours légaux!”. […] J’ai l’impression que si tu ne prends pas ce chemin-là, ce n’est vraiment pas clair quelles autres ressources et quels autres issus que t’as », mentionne-t-elle.
Par-dessus tout, Alexia était aussi victime d’intimidation au quotidien. « Je suis un peu rejetée par les gens de ma classe à cause de tous les événements… Parce qu’il y a beaucoup de personnes qui connaissaient le gars », confiait-elle à la journaliste Dominique Scali, avant qu’elle obtienne une place dans une nouvelle école.
Une troisième voie manquante
C’est l’image utilisée par Gabrielle pour illustrer le fait qu’une victime aura soit tendance à garder son agression secrète, soit à dénoncer son agresseur par la voie judiciaire.
Or, « il manque cette troisième option-là de pouvoir avoir des ressources et […] des solutions qui s’offrent à toi sans devoir passer par le côté légal, qui peut être vraiment difficile et ne pas nécessairement correspondre à la situation de tout le monde », affirme-t-elle.
À titre d’exemple, plusieurs victimes font des démarches auprès de l’Indemnisation des victimes d’actes criminels (IVAC), alors que la résolution de traumatismes psychologiques nécessite plus qu’une somme d’argent.
La victime de 20 ans soutient aussi qu’à l’adolescence, peu de jeunes sont bien informés sur les ressources autres que judiciaires qui leur seraient disponibles. Pour elle, il y a là un manque de sensibilisation auprès des jeunes que les écoles devraient corriger, afin de leur montrer qu’une troisième voie existe.
En finir avec la rigidité administrative
La demande de transfert d’école d’Alexia a pris beaucoup de temps avant de porter ses fruits, et ce, en raison du délai trop important qu’a pris la direction de son ancienne école pour signer un « transfert humanitaire » avec une autre école du Centre de services scolaire des Samares (CSS). À la rentrée des classes, l’autre établissement avait annoncé qu’il n’y avait plus de place disponible sur les bancs d’école pour Alexia. Une intervention du ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, aura finalement été nécessaire pour faire bouger les choses et permettre à l’élève de changer d’école.
« Je pense que [dans] la gestion des agressions sexuelles, il doit y avoir une certaine liberté pour s’adapter à chaque situation », a réagi Gabrielle face à cette histoire, soutenant que les établissements scolaires doivent éviter d’appliquer un protocole trop strict et plutôt faire preuve d’ouverture en ce qui concerne l’accommodement des victimes.
* Noms fictifs pour préserver l’anonymat des victimes.