Ce mardi 23 septembre, au cinéma Le Clap, s’est tenue une projection spéciale du documentaire Une Dernière Cicatrice en présence du réalisateur Philippe Gagnon et du protagoniste Yvan Rioux. Pendant 70 minutes les spectateurs ont été plongés dans le récit bouleversant d’un professeur marqué à jamais par la fusillade de 2014 qui a coûté la vie de son ancien élève David.
Réalisé à l’initiative d’Yvan Rioux, ce documentaire plonge dans un récit intime douloureux. L’histoire témoigne de la volonté à explorer les blessures invisibles portées par les traumatismes. « On ne guérit pas ; on apprend à vivre avec » déclare-t-il.
Il s’agit du premier documentaire de Philippe Gagnon. Il a accompagné Yvan Rioux dans le but de raconter son histoire de manière claire, sans jugement ni misérabilisme. Il confie avoir réalisé la « chance de ne vivre aucun trauma » après avoir entendu le vécu de l’équipe de tournage. Il décrit ce tournage comme une « belle boucle » : suivre Yvan dans sa quête puis donner la parole à des spécialistes capables de mettre en lumière ses blessures.
Yvan Rioux révèle que le tournage a été le fruit de questionnements et de rebondissements, traversé par des crises d’anxiété. Néanmoins « c’était la bonne chose à faire » raconte-t-il ; à la fois pour panser les plaies mais également pour se rendre compte qu’il n’était pas seul. « Je voulais que ce soit un film qui aide les gens […] si je peux aider les gens, enseigner, guider, conforter les gens qui vivent ça, alors j’ai réussi ».
Une émotion partagée
Le tournage s’est également inscrit dans une démarche de mémoire. Yvan Rioux et l’équipe de tournage se sont rendus sur des lieux marquants de la vie de son grand père ainsi que sur des sites chargés de traumatismes comme Auschwitz, qui, selon lui, pourraient lui permettre de mieux comprendre son histoire familiale et la transmission des blessures.
Revenir sur l’histoire n’a pas été très simple pour lui. Cependant il raconte avoir été étonné d’avoir pu raconter certains éléments, « d’avoir ouvert la machine », y compris sur son enfance difficile. Il l’explique par le climat de confiance instauré par l’équipe de tournage et par sa volonté d’être honnête dans ses propos.
Ce partage a été bien accueilli par le public. Lors de l’échange à la fin de la séance, des spectateurs se sont confiés sur l’aide qu’a apporté ce documentaire. Des remerciements lui ont été adressés. La mère d’Yvon, présente lors de la projection, déclare que ce documentaire lui a permis de comprendre ce que signifie le choc post traumatisme. « C’est difficile mais c’est beau en même temps ; on repart avec le soleil et la chaleur au cœur ».
Cette projection fait résonance à un manque de compréhension persistant et à la rémanence d’évènements marquants. Ce fut le cas dimanche 20 septembre. Un tragique incident s’est produit : un adolescent de 15 ans a été abattu à Longueil. « Ça n’arrête pas », exprime le réalisateur. « J’espère quelque part qu’on va apprendre de l’histoire. C’est pour ça qu’il faut les conter les histoires. C’est pour ça que j’ai voulu conter celle-là ».

















