Québec – Le Conseil supérieur de la langue française (CSLF) a remis hier, jeudi 25 septembre, les insignes de l’Ordre des francophones d’Amérique, décernés depuis plus de 35 ans à de grands amoureux et défenseurs de la langue française. Cette année, la cérémonie revêtait une importance particulière pour l’Université Laval, puisqu’un de ses anciens professeurs, Conrad Ouellon, y a été honoré avec d’autres récipiendaires.

Officier de l’Ordre des Arts et des Lettres, Conrad Ouellon a consacré l’essentiel de sa carrière à la langue française. Il occupé plusieurs postes de direction à la Faculté de médecine et à la Faculté des lettres de l’Université Laval, et a enseigné au Département de langues, linguistique et traduction. Il a également œuvré pour favoriser l’usage du français dans certains milieux, dont celui de l’informatique, et mené des missions d’enseignement dans la francophonie canadienne et internationale.

« Ma langue familiale est un français populaire », raconte monsieur Ouellon. Pendant des années, cela l’a amené à se taire par refus du modèle d’expression orale proposé aux francophones du Québec, tout en souffrant de ne pas pouvoir s’exprimer efficacement en toute circonstance; mais « bien parler, c’était d’une certaine façon renier mes proches », ajoute-t-il. C’est la maîtrise de différents niveaux de langue qui lui a permis de résoudre son dilemme, de communiquer avec ses proches d’une façon et d’en utiliser une autre pour discuter avec des confrères ou donner des conférences au Québec ou à l’étranger. Pour lui, « un gouvernement peut protéger la langue et en promouvoir l’usage, mais sa maîtrise est une obligation personnelle ».

Monsieur Ouellon est président du Conseil supérieur de la langue française, ce qui a donné lieu à une situation cocasse lors de la cérémonie; en effet, même si les récipiendaires sont choisis par un jury indépendant, c’est le président qui remet les insignes de l’Ordre. Pour lui éviter de se décerner à lui-même une médaille, madame Hélène David, ministre responsable de la Protection et de la Promotion de la langue française et présidente d’honneur de la cérémonie, l’a remplacé pour l’occasion.

Beaucoup de préparatifs

La tenue d’une telle cérémonie demande des mois de préparation; c’est notamment à la responsable des communications du CSLF, Julie Adam, qu’il incombait de la planifier. Appels de candidatures, formation des jurys, relations avec les médias, communications dans le site Web et les réseaux sociaux, commande des médailles, logistique de la journée et de la soirée, rédaction des textes du cahier de cérémonie… la liste est longue des tâches accomplies, pratiquement à temps plein, depuis décembre! Sans compter qu’elle a lu une bonne partie des romans mis en candidature pour le prix littéraire Émile-Ollivier, remis également hier soir à Marguerite Andersen pour son roman La mauvaise mère.

Julie Adam, responsable des communications au CSLF (photo CSLF)Madame Adam a également passé la journée d’hier avec les invités – visite du Centre de la francophonie des Amériques, vin d’honneur à l’hôtel de ville, dîner au Parlementaire, visite du Parlement, séance de photos et répétition générale. « Les discours sont toujours très touchants, c’est ce que j’aime le plus de ce travail, avec bien sûr les relations établies avec toutes ces personnes d’une richesse et d’une humanité épatantes », rapporte-t-elle. Lors de la même cérémonie, on a dévoilé le nom du lauréat du prix du 3?Juillet?1608, le journal Le Droit, pour sa vigilance exemplaire dans la protection des droits linguistiques de la minorité francophone.