Tablettes, téléphones intelligents ou télévision, la technologie est omniprésente dans la routine des adultes, mais aussi des tout-petits. Catherine Boissonneault, enseignante en psychologie de l’apprentissage et du développement au Cégep de Victoriaville, met en garde contre les effets nocifs de ces écrans lumineux chez les jeunes enfants.
Très jeunes, les enfants baignent dans un tourbillon technologique par la présence accrue des écrans dans leur quotidien. L’usage qu’en font leurs parents devient pour eux un modèle à suivre. Mme Boissonneault affirme que les enfants procèdent par imitation, de sorte qu’ils reproduisent ce qu’ils observent dans leur environnement immédiat. Une corrélation réelle existe donc entre la consommation technologique des parents et l’attirance des jeunes sujets vers ces appareils.
Les écrans représentent d’ailleurs l’outil de divertissement par excellence pour les petits de parents débordés. Il y a un certain « attrait pour la télévision, à savoir que pour les parents, ça se « plogue » bien : il [l’enfant] écoute la télé et tu as une demi-heure de « break » », explique la professionnelle.
L’encadrement rigoureux semble néanmoins nécessaire dans la prévention de problèmes liés à une exposition trop fréquente. La recherche a en effet démontré que l’enfant d’âge préscolaire se situe à un stade d’apprentissage de soi et de son milieu. Il en est à exercer ses habiletés psychosociales et langagières et ne devrait alors pas faire usage d’un écran plus de 30 minutes par jour. Ne pas être confronté aux contacts interpersonnels à cause d’une surstimulation par l’écran pourrait affecter les composantes de sa personnalité. « Les enfants qui sont moins exposés aux écrans vont apprendre à découvrir leur environnement », précise l’enseignante.
La santé physique peut également être affectée par la sédentarité. Cette carence en activité physique réduit la dépense énergétique des enfants et altère la qualité du sommeil. Il en est de même pour la lumière bleue émise par les outils technologiques. Celle-ci perturbe la sécrétion de mélatonine au cerveau, hormone nécessaire à l’endormissement.
Zone grise
Nonobstant les effets négatifs dans le développement de l’enfant, certaines applications technologiques œuvrent à améliorer la situation. Des entreprises comme Ubisoft travaillent à la conception de jeux de lecture, d’écriture ou d’écoute à visée éducative. L’élaboration de stratégies et la sollicitation de la logique sont des capacités qu’elles cherchent à éveiller. Par le biais de couleurs attrayantes et d’éléments attractifs, il devient plus intéressant pour les jeunes d’apprendre rapidement, tout en s’amusant.
Cependant, aucune étude n’a à ce jour prouvé scientifiquement l’accélération de l’apprentissage par les écrans. « Probablement qu’on s’en va vers là tranquillement. La technologie c’est intéressant, mais est-ce que les enfants ont déjà besoin de ça ? Permettez-moi d’en douter », conclut Catherine Boissonneault.