QUÉBEC-Les entreprises d’antivirus, comme Symantec, alarment la population avec des statistiques exagérées sur les risques que pose l’utilisation du Web pour vendre leurs systèmes de protection, a avancé Stéphane-Leman-langlois, lors d’une conférence sur les guerres informatiques et la sécurité Internet présentée le jeudi 24 octobre à la bibliothèque Gabrielle-Roy dans le cadre des Rencontres du numérique de l’Institut Technologies de l’information et Sociétés (ITIS).

Stéphane Leman-Langlois est titulaire de la Chaire de recherche du Canada en surveillance et construction sociale du risque. Il a obtenu un doctorat en criminologie à l’Université de Toronto. Il a aussi écrit plus d’une quinzaine d’ouvrages portant, entre autres, sur le terrorisme et les crimes d’Internet.

Même si les programmes antivirus peuvent être bons, a-t-il ajouté, il faut rester vigilant. «La chose numéro 1 pour se protéger, c’est d’être méfiant et de connaître Internet», prévient M. Leman-Langlois.

La salle était comble pour assister à cette première conférence. Plus d’une cinquantaine de personnes au profil varié étaient présentes. Autant des hommes que des femmes, jeunes ou moins jeunes, étaient venus entendre le conférencier.

Dans les cyberguerres «tout le monde est ciblé», soutient Stéphane Leman-Langlois. Les individus, les gouvernements, les partis politiques et les entreprises peuvent tous être victime d’espionnage ou de vol d’informations. Les plus grandes menaces sont autant les réseaux criminalisés que le gouvernement ou les pairs. La cyber intimidation et autres attaques par les collègues font partie de ces guerres du Web. La réglementation par le gouvernement constitue aussi une forme de menace pour l’usager moyen.

Il existe différentes manières d’être touché par ces guerres. Certaines affectent indirectement le citoyen ordinaire. Ces attaques sont souvent provoquées pour enrichir ceux qui les font. Stéphane Leman-Langlois note, entre autres, la surcharge de pages web pour interrompre leur service, le «defacing» où l’on remplace une page Web par une autre, ou encore, la subversion d’informations qui permet de rendre public des informations privées.

Dans le futur, pour se protéger, un « passeport » pourrait être requis pour aller sur Internet, mentionne le conférencier. Les gouvernements de pays forts, dont les frontières sont bien délimitées, souhaitent avoir un cyber espace national. Cependant, le contrôle du territoire est impossible sur Internet, rappelle Stéphane Leman-Langlois. Les réseaux sont contrôlés par les entreprises privées qui n’ont pas de limites exactes. Il est donc difficile de contrôler les informations qui circulent. « À force de vouloir sécuriser Internet, il devient moins sécure », conclut le conférencier.

La conférence s’est terminée par une période de questions. Pour Marie-Ève Roussel, enseignante présente à la conférence, la présentation fut une belle surprise. «Il (Stéphane Leman-Langlois) abordait des sujets avec lesquels je suis peu familière, mais j’ai trouvé ça intéressant», mentionne-t-elle.

Le prochain volet des Rencontres du numérique aura lieu le 21 novembre à 19 h à la bibliothèque Gabrielle-Roy. La conférence portera sur le développement régional et l’économie numérique et créative et sera présenté par Mario Carrier, professeur à l’École supérieure d’aménagement du territoire et de développement régional.