Le gouvernement de la Coalition Avenir Québec (CAQ) veut laïciser l’État en interdisant le port de signes religieux pour les employés de la fonction publique en position d’autorité. Le milieu scolaire ne fait pas exception à cette règle. Selon Francine Raymond, enseignante à l’école primaire Fernand-Séguin à Québec, cette mesure n’est pas nécessaire dans son milieu.

Le nouveau gouvernement élu le premier octobre dernier désire abolir tous les signes religieux chez les fonctionnaires en position d’autorité, notamment chez les policiers et les enseignants. Le premier ministre a fait le point dans une allocution à peine quelques jours après sa victoire.

Depuis lors, des manifestations ont vu le jour au Québec, telle que celle du 7 octobre dernier à Montréal. Ce qui revient de la part des membres du gouvernement est qu’une personne en position d’autorité ne devrait pas arborer de signes religieux dans le cadre de ses fonctions, sous peine d’être renvoyée de son emploi.

Selon l’enseignante Francine Raymond, ce débat n’a pas vraiment lieu d’être : « Dans notre école, il y a des personnes qui travaillent au service de garde qui portent le voile […] Si une personne portant le voile est compétente, il n’y a pas de problématique à ce qu’elle fasse son travail en le portant », précise la professeure exerçant ce métier depuis 27 ans.

L’idée de s’attaquer à la neutralité religieuse de l’État, le premier ministre François Legault ne l’a pas trouvée hier. Ce sujet fait l’objet de débats fréquents et traîne depuis plus de 10 ans, selon le chef de la CAQ.

Pour l’enseignante de l’école primaire Fernand-Séguin, le gouvernement ne fait pas ces démarches dans un but d’égalité : « Je ne pense pas qu’enlever les signes religieux va éliminer les comportements inappropriés […] Je crois que c’est seulement dans un but politique, ça ne fera pas avancer notre société, notre éducation », souligne madame Raymond.

Un patrimoine historique

À l’école primaire Fernand-Séguin, plusieurs cultures sont représentées. Dans la classe de madame Francine Raymond, des élèves provenant de Russie, de Hongrie, de Moldavie, de Tunisie, de Roumanie, de Turquie et de Chine sont présents. La diversité culturelle est donc très présente chez les écoliers. Selon elle, interdire les signes religieux chez les enseignants ne changerait pas les choses, les jeunes sont habitués à la mentalité de collaboration et de multiculturalisme.

Le gouvernement caquiste veut toutefois conserver le crucifix dans le Salon bleu de l’Assemblée nationale, sous le prétexte que cet objet fait partie intégrante du patrimoine culturel et historique du Québec. Par contre, il n’y a plus de crucifix dans la majorité des salles de classe depuis quelque temps, selon l’institutrice.

Selon madame Raymond, si le nouveau gouvernement interdit le port des signes religieux chez les enseignants, le premier ministre devrait aussi réviser une partie du programme scolaire : « Si on doit retirer tous les signes religieux, on devrait enlever les cours d’Éthique et cultures religieuses aussi », recommande madame Raymond.