Le mécontentement se fait sentir au sein du personnel infirmier alors que commenceront vers la mi-octobre les campagnes de vaccination contre la COVID-19 et la grippe. Infirmière depuis 32 ans, Nancy Veillette déplore les conditions de travail et la pénurie de main-d’œuvre dans les hôpitaux. L’augmentation de salaire n’est pas, selon elle, la solution miracle à l’embauche de nouveau personnel.

Le 10 octobre prochain commenceront les campagnes conjointes de vaccination contre la COVID-19 et la grippe, offertes à l’ensemble de la population québécoise. Cependant, la pénurie de main-d’œuvre au sein du personnel infirmier est très inquiétante dans ce contexte, affirme Nancy Veillette. « La pénurie de personnel, ça existe depuis toujours, mais elle est beaucoup plus grave aujourd’hui », ajoute l’infirmière et enseignante en soins infirmiers au Cégep de Shawinigan. Elle fait le constat d’un cercle vicieux : moins de personnel engendre plus de travail, décourageant ainsi les nouveaux embauchés et autres soignants en formation.
Une des causes de cette augmentation de la charge de travail, dit-elle, est la spécialisation des soins. Les infirmières et infirmiers du Québec ont dû s’adapter à apporter plus de soins d’une complexité technique à des clientèles différentes et ciblées. Selon madame Veillette, cette multiplication des traitements entraîne des pertes d’efficacité considérables.
Le modèle actuel du système de santé québécois est basé sur deux types d’établissements : public et privé. L’assurance maladie offre un service public gratuit, mais l’attente est souvent longue. Au privé, l’attente est plus courte, voire nulle, mais le prix à payer est généralement plus élevé. Selon l’infirmière Nancy Veillette, « la privatisation des soins n’aide pas à la pénurie de personnel. Les infirmières ont accès à de meilleures conditions dans les milieux privés, donc elles quittent le système public. »
Également enseignante en soins infirmiers au Cégep de Shawinigan, elle constate l’inquiétude vécue par la communauté étudiante. « Même moi après 32 ans, je peux vivre de l’anxiété quand on est en sous-effectif, alors je n’imagine pas ce que doivent ressentir celles qui viennent d’arriver », confie l’infirmière d’expérience.
Vers une décentralisation
L’une des pistes de solution émises par madame Veillette est la décentralisation des soins, c’est-à-dire le fait de transférer aux infirmières certaines des responsabilités d’autres professionnels de la santé. Selon elle, les IPS (infirmières praticiennes spécialisées) « ont de plus en plus d’actes délégués par les médecins, mais elles pourraient en avoir plus encore ».
« C’est un dur combat pour avoir des conditions de travail raisonnables, mais on garde espoir pour le futur », conclut madame Veillette. Les membres du personnel soignant sont en ce moment à la recherche de moyens de pression afin de faire bouger les choses. Leur convention collective a pris fin en mars dernier.