QUÉBEC — La centaine de militants de Québec Solidaire réunis au bar Le Cercle à l’occasion de la soirée électorale sont tout sauf déçus de leurs résultats dans la région de la Capitale-Nationale. En effet, tous les candidats solidaires ont amélioré leurs scores par rapport à il y a dix-huit mois.

«Ce sont des graines que l’on sème […] Ça va donner des résultats. C’est juste une question de temps avant que l’on perce», a d’ailleurs lancé Jean-Yves Bernard, candidat solidaire dans Charlevoix-Côte-de-Beaupré, à une salle alors survoltée suite à l’annonce de la réélection de Françoise David dans Gouin.

Une vision largement partagée par Sébastien Bouchard, candidat dans Jean-Lesage : «Je suis fier de pouvoir dire que nous sommes en croissance constante depuis notre fondation. En croissance de militants, en croissance de votes, mais surtout en croissance députés. Et ce n’est qu’un début!» Le candidat solidaire recueille 11,4 % des voix dans son comté, soit 3,4 % de plus qu’en septembre 2012.

Dans Taschereau, là où les assises du parti étaient les plus fortes en 2012 (11.69 %), la candidate solidaire Marie-Ève Duchesne se mérite 16 % des voix. Cela la place en 4e place, à 2 % du candidat de la CAQ. Eveline Gueppe, candidate solidaire dans Jean-Talon, améliore elle aussi la position de son parti dans ce comté en y recueillant 8.6 % des suffrages. C’est 2,2 % de plus que les 6.40 % obtenus en 2012.

À l’échelle provinciale, Amir Khadir a été reconduit dans Mercier (45.8 %), tout comme Françoise David dans Gouin (50.2 %). Notons la très chaude lutte que se sont menée la candidate solidaire de Sainte-Marie-Saint-Jacques Manon Massé et sa vis-à-vis libérale Anna Klisko. Au moment de mettre en ligne, la députée solidaire possédait une avance de 0.2 % avec encore deux bureaux à dépouiller.

Québec Solidaire recueille 8% des voix dans l’ensemble des 125 circonscriptions du Québec. C’est 2% de plus qu’en 2012.

Une soirée animée

Lancée à 19 : 00, la soirée des solidaires de Québec au bar Le Cercle n’a réellement pris son envol qu’à la fermeture des bureaux de scrutin à 20 : 00. Rapidement, les lieux se sont remplis et la bonne humeur des militants s’est fait sentir. Laura Noreteau, militante anglophone de Québec Solidaire, a résumé ainsi l’état d’esprit des militants : «Nous avons travaillé fort pour faire connaître nos idées. Nous n’avons pas à rougir de notre campagne.»

L’annonce très tôt dans la soirée d’un gouvernement libéral majoritaire n’a pas eu l’effet de douche froide escompté. Au contraire : cela a semblé fouetter l’humeur des militants. Les élections respectives de Pierre Kark-Péladeau dans St-Jérôme et de Philippe Couillard dans Roberval ont toutes deux suscité des réactions semblables.

Vers 8 h 45, les organisateurs du rassemblement ont entrepris une ronde de remerciements. Tour à tour, les candidats solidaires de la région de Québec se sont amenés sur scène avec leur garde rapprochée pour adresser quelques mots à la foule. Ce balai ininterrompu n’a été ralenti que par des annonces concernant directement le parti.

Des réactions à chaud

À chaud les réactions ont été timides. Il fallait aller à la rencontre des militants et des candidats présents au Cercle. Pourtant leurs avis étaient plutôt positifs. Jessica était venue au rassemblement de Québec Solidaire mais n’est pas membre du parti. «Je suis assez contente de voir qu’on a gagné un siège à Québec solidaire … par contre moi je vois un peu plus grand que ça, j’aurais espéré que ça soit un peu plus parce que je croyais que le Québec avait envie de changement». La jeune femme glissa sa déception face au gouvernement libéral majoritaire : «Je suis déçue de voir qu’on retourne encore en arrière avec les libéraux en majoritaire. Ça me déçoit beaucoup. En même temps je m’attendais un peu à ça».

Pour certains le goût était plutôt amer. Comme pour Pierre Mouterde, membre du comité de communication de Québec solidaire Capitale-Nationale. Il était teinté d’optimisme pour son parti rappelant que «ce n’est pas si mal dans un sens, car il y a quand même une progression pas très importante, mais y a quand même une progression… On a résisté à la vague libérale, mais c’est sûr que quelque part on souhaitait plus ça». Si le parti libéral a réussi à être majoritaire, Pierre Mouterde l’en a ciblé la cause, le  «scrutin qui n’est absolument pas proportionnel un scrutin uninominal à un tour (et) qui distortionne absolument tous les résultats». Malgré tout il est resté positif en tentant de voir l’effondrement du Parti Québécois comme une opportunité pour Québec Solidaire : «après de façon plus générale qui explique ce revirement c’est une espèce d’écroulement de l’intérieur du Parti Québécois. Au long terme, c’est plutôt positif, ça ouvre une voie».

Sébastien Bouchard candidat dans Jean Talon était très satisfait des résultats globaux du parti. Pourtant son discours était teinté d’une pointe de pessimisme. «Il y a comme un vent d’écœurement de la population qui s’est drôlement exprimé. Il y a beaucoup de scandales de corruption qui vont sortir à la commission Charbauneau dans les prochains mois. Je dirais que la politique, s’il y a quelque chose de constant, c’est qu’on ne peut rien prévoir». Malgré l’élection des libéraux et un faible pouvoir sur la scène politique, Québec Solidaire.