Une étude renforçant le consensus scientifique sur le rôle de l’activité humaine dans le déclin du caribou a été publiée fin septembre dans la revue Global Change Biology. François Laliberté, président de l’Ordre des ingénieurs forestiers du Québec (OIFQ), voit le débat sur la protection du caribou s’enflammer. Selon lui, rien ne sera décidé par le gouvernement tant que les groupes antagonistes n’accepteront pas de collaborer.

L’ampleur de l’impact des humains sur le recul du caribou est de plus en plus évidente. Selon les spécialistes, le temps presse. L’industrie forestière veut conserver son approvisionnement en bois, les pourvoyeurs ont besoin de chemins entretenus, les environnementalistes et les autochtones veulent protéger le territoire et l’habitat du caribou. Qui écouter ? C’est la question que se pose le gouvernement depuis déjà plusieurs années.

« Le caribou est une espèce emblématique. Si nous la perdons, c’est nuisible pour notre image », affirme François Laliberté, président de l’Ordre des ingénieurs forestiers du Québec (photo : Camille Deslauriers / L’Exemplaire).

« Si nous ne collaborons pas, nous allons tous perdre », soulève François Laliberté. Le président de l’OIFQ explique qu’en ce moment, les décisions sont dans les mains du gouvernement. Chaque groupe défend son point de vue. Après la présentation des scénarios de protection par le gouvernement, un des groupes a toujours l’impression d’être brimé ou de ne pas être écouté.

On assiste présentement à un « dialogue de sourds ». Le gouvernement joue un rôle arbitraire et repousse constamment les décisions par peur de déplaire. Selon M. Laliberté, il est primordial de repenser notre manière de procéder. « Si on reste dans la même dynamique, ça ne finira jamais », affirme-t-il.

François Laliberté croit plutôt que les différents groupes devraient s’assoir ensemble et discuter. Dans les dernières années, jamais l’industrie forestière, les environnementalistes, les pourvoyeurs et les autochtones ne se sont réunis pour discuter de l’enjeu du caribou.

À la recherche d’un compromis

Selon le président de l’OIFQ, « si on présente différents scénarios et impacts à tout le monde en même temps, on peut s’apercevoir qu’en faisant un petit compromis, on aide beaucoup ». Il est aussi convaincu que si les décisions sont prises seulement par le gouvernement, elles passeront toujours moins bien.

Cependant, si une décision est prise par les groupes ensemble, il sera beaucoup plus facile de s’engager et d’accepter la décision prise. François Laliberté pense que le gouvernement devrait jouer un rôle de facilitateur et mettre en place un environnement propice à la discussion.

La posture de l’OIFQ est claire. Il ne se positionne d’aucun côté et souhaite mettre fin à la polarisation entre la conservation et l’aménagement forestier. L’Ordre des ingénieurs est convaincu que c’est une opportunité pour tous de s’entraider et de s’améliorer. Le président de l’OIFQ considère qu’en collaborant, les différents acteurs auraient la chance de mettre en place des projets intéressants qui feraient briller le Québec à l’international. « Quand on est créatif et qu’on sort de notre boîte, beaucoup de possibilités s’ouvrent à nous », conclut-il.