QUÉBEC – Les instigateurs du projet pilote C’est parti, je vote?! ont annoncé juste avant les élections les résultats des simulations faites dans des écoles de Québec et de Gatineau. Ainsi, si les jeunes de 14 à 17 ans avaient voté pour ces élections provinciales, le Parti libéral du Québec (PLQ) aurait bénéficié en majorité des votes chez cette tranche d’âge. L’expérience aura été un bon indicateur de ce qui s’en venait.

Après une simulation dans les écoles à la Polyvalente Saint-François, à l’école Pointe-Lévy et au Séminaire des Pères-Maristes, les résultats sont sans équivoques : le Parti libéral du Québec et la Coalition Avenir Québec auraient majoritairement bénéficié de ces votes. Toutefois, le résultat change dans la région de Gatineau. Le PLQ arrive encore devant les autres partis suivis par Québec solidaire et finalement par la CAQ.  Dans les deux régions et dans plusieurs écoles secondaires, Québec solidaire passe devant le Parti Québécois (PQ), bon dernier des 4 partis principaux. Il est toutefois important de signaler que la région de Gatineau est traditionnellement libérale et que la région de Québec a oscillé au cours des dernières décennies entre libéraux et péquistes avant de devenir caquiste à l’élection générale de 2012.

Le projet C’est parti, je vote?!

«Peu importe l’échelle de gouvernement avec laquelle tu travailles, que ça soit municipal, provincial ou fédéral, c’est extrêmement long et difficile de faire avancer les choses. C’est pour ça que nous sommes passés par un groupe d’étudiants qui ont fait un peu, pas à leur tête, mais qui ont fait un peu le projet sans tenir compte de ces balises-là», lance d’emblée Dominic Faucher, de l’agence publicitaire Orkestra.

Orkestra, en collaboration avec la Commission jeunesse de Gatineau et les étudiants de publicité sociale de l’Université Laval (animés par le professeur Christian Désîlets), a lancé le projet pilote C’est parti, je vote. Le but de l’initiative est d’inciter les jeunes de 14 à 17 à s’intéresser à la politique et à ce qui se passe dans la société avant leur 18e anniversaire.

L’avantage d’impliquer de jeunes étudiants en publicité dans le projet permet de créer et de développer des outils qui permettront à la Commission jeunesse de Gatineau de présenter les simulations aux différents paliers de gouvernement afin que le projet soit recréé lors de futures élections. Ces outils permettront de prouver aux différentes instances politiques que même avec peu de moyens, le projet fonctionne bien. « Avec les outils proposés, les vidéos et la plateforme électorale qu’on va construire, ça va être presque automatique pour la suite. Chose qui n’aurait jamais été possible autrement », précise Dominic Faucher.

Le publicitaire ajoute que ce projet pilote permet de donner un certain volume et une qualité assez importante pour que ça soit pris en considération officiellement pour les prochaines élections municipales, provinciales ou fédérales. « Je ne dis pas de faire voter tous les jeunes du Québec, ce serait peut-être ambitieux, mais du moins de donner des résultats de sondage assez pertinents (des 3000, 4000 ou 5000 votes jeunesse) pour se donner une idée de ce qui s’en vient dans les prochaines années en terme d’électorat. Ça, ce serait l’objectif à atteindre », de dire Dominic Faucher.

Pour sa part, la responsable de la Commission jeunesse de Gatineau, Josiane Cossette, renchérit en mentionnant qu’au-delà de ces objectifs, il y a le fait que des écoles de partout dans la province ont envie de reprendre le projet et que les jeunes ont envie de l’accueillir, eux aussi. Pour nous, l’objectif futur est «d’être capable de l’offrir à plusieurs autres écoles et à différents paliers de gouvernements.»

Les instigateurs du projet semblaient assez surpris de la rétroaction faite dans les écoles qui ont participé aux simulations de votes. «Les jeunes s’intéressent pas mal plus qu’on pense à la politique. Avant, ce n’était pas à la mode, alors que maintenant, ça fait intrusion pas mal plus tôt dans leur curriculum», ajoute M. Faucher. Les commentaires semblent très positifs.

Maxine Gravel-Gosselin faisait antérieurement partie des jeunes de la Commission jeunesse. Désormais, elle est une proche collaboratrice de Josianne Cossette dans ce projet. Elle ajoute qu’à « 15 ans 16 ans, tu n’as pas encore la chance de pouvoir voter, tu n’as pas de pouvoir politique nécessairement reconnu au sein de l’état. Sauf que le fait de pouvoir voter, de pouvoir donner ton opinion, qu’il y ait des statistiques qui soient faites à partir de ça, et bien ça, c’est vraiment un pouvoir réel. C’est un impact concret », de dire la jeune femme.

L’apport des médias au projet

Les médias de partout dans la province semblent également être intrigués par le projet et acceptent de couvrir les simulations de votes. Selon Dominic Faucher, lorsque les étudiants ont envoyé des communiqués sans même avoir fait de plan de relations publiques, les retours d’appel ont été immédiats. Il ajoute que c’est le même constat à Gatineau. La réponse a été automatique. «Entre autres, parce que les gens sont tannés d’entendre parler des différents partis qui ne laissent jamais la parole à d’autres types d’institutions. Donc là, de voir que les jeunes s’organisent pour voter, ça prend énormément de place et c’est un feedback positif.» Plusieurs acteurs politiques ont également accepté de se prêter au jeu et ont répondu aux questions des journalistes de l’exemplaire.