QUÉBEC – En 2013, plus de 8000 Québécois ont signé une pétition pour réclamer l’abrogation du changement d’heure au printemps et à l’automne, mais l’idée a été rejetée par le gouvernement. Mais pourquoi changeons-nous l’heure, et depuis quand? Quels en sont les effets concrets sur l’économie et sur l’organisme?

Le 1er mai 2013, à l’instigation d’une mère de famille de la région de Québec, une pétition signée par 8228 personnes était déposée à l’Assemblée nationale pour demander l’abolition du changement d’heure, invoquant ses effets négatifs sur le sommeil et la santé, notamment pour les enfants, les personnes âgées et les malades, ainsi que sur certaines activités agricoles, en particulier la production laitière. À peine quelques semaines plus tard, le 12 juin, le ministre de la Santé rejetait la demande en affirmant que « … l’état actuel des connaissances ne nous permet pas de démontrer que les avantages liés à l’abolition du changement d’heure soient suffisamment importants pour compenser les désavantages de le maintenir ».

Il serait pourtant possible de rester à l’heure avancée toute l’année, comme choisissent déjà de faire certains pays, dont l’Argentine. Selon une récente étude britannique, cela augmenterait de 5 % l’activité physique chez les enfants, en prolongeant la période pendant laquelle ils peuvent jouer dehors au retour de l’école.

Seule une minorité de terriens changent l’heure deux fois par an; l’objectif est de permettre aux habitants des régions tempérées de faire des économies d’énergie et de profiter au maximum de la lumière du jour. En effet, sous nos latitudes, le décalage entre le lever du soleil et le début de la journée d’activités s’accentue à mesure qu’on avance vers le solstice d’été : si on ne changeait pas l’heure, le 21 juin, le soleil se lèverait vers 4 h et se coucherait vers 19 h 45, ce qui ne serait pas très compatible avec nos habitudes sociales.

Économie d’énergie

Régions tempérées du globe (image : http://le-lutin-savant.com/e-zones-climatiques-et-tropiques.html)En avançant l’heure en mars, on synchronise ainsi la journée « sociale » avec la durée du jour solaire et on économise l’électricité; côté chauffage et climatisation, pour constater des économies, il faut se souvenir d’ajuster les systèmes automatiques de régulation de la température à la nouvelle heure. Des spécialistes belges et allemands avancent cependant que ces économies sont minimes, et diminuent à mesure que nous adoptons des technologies plus écologiques.

Effets sur la santé

Certaines études suggèrent que le changement d’heure représente une perturbation significative qui peut avoir des effets sur la physiologie humaine. Des recherches récentes montrent en effet qu’en avançant l’heure au printemps, on retarde la sécrétion de la mélatonine, ce qui peut réduire la durée de sommeil pendant un certain et pourrait être à l’origine d’une augmentation du nombre et de la gravité des accidents cardiaques et des accidents du travail et de la circulation (à cause de troubles du sommeil et de l’attention) pendant quelques jours. Les enfants et les personnes âgées sont particulièrement touchés et mettent environ une semaine pour s’adapter.

Effets sur les activités agricoles

Lorsqu’il avance l’heure au printemps, l’agriculteur sort une heure plus tôt pour travailler; or la présence de rosée matinale l’oblige à repousser certains travaux plus tard dans la journée et donc à réaménager son horaire. Le changement a aussi des conséquences sur la production laitière; pendant quelques jours, il faut réveiller les vaches le matin, alors que le soir elles s’impatientent à attendre la traite; il semble que cela entraîne parfois une diminution transitoire de la production de lait. Certains agriculteurs compensent en modifiant graduellement l’horaire de traite ou l’éclairage du poulailler dans la semaine qui précède le changement d’heure, mais d’autres ne font rien de spécial, sans constater de conséquences très importantes.

Historique

C’est en 1784 que Benjamin Franklin (l’inventeur du paratonnerre) a proposé pour la première fois de changer l’heure pour économiser l’huile des lampes, mais il a fallu attendre 1916 pour que l’Allemagne, l’Angleterre et la France reprennent l’idée; d’autres pays d’Europe leur ont emboîté le pas à partir des années 1960, avec des fluctuations liées aux évènements géopolitiques et économiques. Depuis 1998, les dates de changement d’heure sont uniformisées dans toute l’Union européenne.

Au Canada, on a tenté l’expérience de façon éphémère en 1918, mais ce n’est qu’en 1963 que le changement d’heure a été uniformisé dans tout le pays. Pourtant, la Saskatchewan l’a abandonné en 1966, tout comme l’ont fait la Chine, la Russie et de nombreux autres pays. Certains d’entre ont choisi l’heure normale, et d’autres, l’heure avancée.