La pratique de la pesée dans les cours d’éducation physique de plusieurs écoles primaires, secondaires et collégiales du Québec a récemment ravivé la controverse. C’est le dépôt d’une pétition de plus 4 300 signatures visant à abolir la pesée en novembre dernier qui a remis la pratique en question à l’Assemblée nationale. Marie-Claude Audet, mère d’une jeune femme de 18 ans, condamne cette approche en suggérant qu’elle n’a pas sa place dans un contexte scolaire. 

Tout comme la Fédération des comités de parents du Québec (FCPQ), Mme Audet désire la fin immédiate de la pesée dans les établissements scolaires. La FCPQ a révélé en janvier dernier que 84 % des parents interrogés souhaitaient l’abolition de cette pratique, considérant qu’elle est risquée pour l’estime de soi. « Les jeunes n’ont pas à subir cela dans une période fragile qui amène déjà son lot de difficultés», explique la mère d’Alice (prénom fictif).

Cette dernière a vécu et vit toujours avec de l’angoisse liée à son poids. Le jour de la pesée était pour elle le point culminant de son anxiété. « Les jeunes étaient avertis du jour de la pesée. Dans mon souvenir, ma fille voulait toujours manquer cette journée, c’était pénible pour elle », explique Mme Audet.

« Les élèves se tenaient l’un derrière l’autre, à la queue leu leu. La pesée se faisait derrière un mince rideau, mais ça ne changeait rien car le professeur disait à voix haute le poids des enfants, » raconte-t-elle. L’expérience « embarrassante » ne s’arrêtait pas là. Tout comme plusieurs autres élèves, Alice devait faire face à la réaction de ses camarades de classe. « Les enfants ne peuvent s’empêcher de se poser des questions, de se taquiner et même de laisser échapper quelques remarques désobligeantes par rapport au poids. La pesée crée une occasion pour les enfants qui ne sont pas dans le moule parfait de se faire démoraliser. »

Dans le cabinet du médecin                                                          

Pour Marie-Claude Audet, c’est au médecin de famille qu’il revient de discuter de poids avec l’enfant. « Le médecin connaît les antécédents de la famille, il saura donc s’il y a des risques de maladies cardiovasculaires, de cholestérol ou de diabète. La pesée devrait uniquement se dérouler dans son bureau », suggère-t-elle.

La chercheuse à l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec, Natalie Alméras, désapprouve aussi cette pratique et partage le point de vue de la mère de famille. « Il faudrait plutôt se concentrer sur l’évaluation cardio-vasculaire de l’enfant », indique Mme Alméras.

Marie-Claude Audet concède néanmoins qu’il y a place pour l’apprentissage de certaines notions sur la santé dans les cours d’éducation physique. Les enseignants devraient, selon elle, davantage inciter les jeunes à bouger plutôt que de se pencher sur une donnée aussi personnelle que le poids.

Le ministre de l’Éducation, du Loisir et du Sport, Sébastien Proulx, rappelle que la pesée n’est pas une pratique prescrite par son ministère. Ce sont les écoles qui ont elles-mêmes pris cette initiative.