Après la campagne électorale, des partisans conservateurs ont remis en question la place d’Erin O’Toole en tant que chef du Parti conservateur du Canada (PCC). Des politologues se penchent sur ce cas particulier, dont Éric Montigny, professeur à l’Université Laval et spécialiste des institutions parlementaires et des partis politiques. Selon lui, Erin O’Toole pourrait garder son rôle de chef au sein de sa formation politique malgré la contestation interne.
Le début de la campagne de M. O’Toole a surpassé les attentes des militants conservateurs. Ceux-ci croyaient véritablement qu’il avait des chances de remporter ces élections. Au final, ils avaient partiellement raison, puisque les conservateurs ont obtenu 1 % de plus que les libéraux en votes populaires. Ceci dit, des électeurs demandent maintenant la démission du chef de parti, ce qui est habituel après une défaite aux élections, souligne M. Montigny. Ce dernier indique que deux défis se présentent aujourd’hui à M. O’Toole : convaincre son caucus qu’il peut demeurer au pouvoir, et faire de même avec les militants de la formation politique.
Le chef du Parti conservateur a aussi pour tâche de rallier des partisans se trouvant sur un spectre d’opinions multiples, même divergentes. Éric Montigny soutient qu’il n’y a pas qu’une droite au Canada, mais des droites : fiscales, sociales et morales, par exemple. Il affirme que M. O’Toole a voulu recentrer son parti politique, mais que les militants à droite socialement se sont sentis à l’écart, ce qui serait à la base de la frustration dans le parti.
Le politologue affirme qu’il peut y avoir un lien entre le chef du PCC et la cheffe du Parti vert, Annamie Paul, au sens où « ce sont deux chefs défaits ». M. Montigny précise que les deux situations sont différentes, car le rôle de Mme Paul était déjà contesté à l’intérieur du Parti vert et qu’elle a terminé au quatrième rang dans son comté, tandis que M. O’Toole a été élu dans le sien.
Accroitre sa popularité
Bert Chen, membre du Conseil exécutif national, a lancé une pétition pour sortir Erin O’Toole de son poste actuel. Cela a causé une scission chez les partisans conservateurs, entre ceux qui ont appuyé le référendum et les députés qui défendent le chef du PCC. À partir des réactions des députés qui se sont opposés à cette initiative, Éric Montigny observe qu’elle a possiblement eu l’effet inverse, en solidifiant leur appui envers Erin O’Toole. Par ailleurs, il y a deux ans, lorsque Andrew Scheer a été défait aux élections fédérales, très peu de gens l’avaient soutenu aux lendemains des élections, comparé au chef actuel du PCC.
Selon le politologue, même si Erin O’Toole est critiqué pour sa centralisation du parti, replacer ce dernier plus à droite sur l’échiquier politique minerait son potentiel de croissance. Il explique que ce potentiel ne se trouve pas dans l’Ouest, mais plutôt au Québec et en Ontario. Dans le secteur semi-urbain, « le recentrage demeure important », affirme M. Montigny. En Ontario ainsi qu’à Québec, ce secteur comprend les comtés gagnés par les conservateurs sous Harper, mais perdus sous Trudeau.