La première « Journée nationale de la vérité et de la réconciliation » le 30 septembre dernier avait pour but de rendre hommage aux enfants disparus et aux survivants des pensionnats autochtones. Au-delà de la disparition d’êtres chers, la perte de leur culture touche aussi les communautés concernées. Pour Marcel Godbout, agent culturel au Centre de développement de la formation et de la main-d’œuvre Huron-Wendat (CDFM), la revitalisation de la langue wendat est cruciale puisqu’elle représente les coutumes et les principes de la nation huronne-wendat.
« Une langue, ça dévoile l’univers d’un peuple. Par exemple, notre langue est beaucoup basée sur le féminin. Quand on regarde notre société wendat, la femme est au centre de son univers. Elle a un rôle central et tout ça se transpose dans notre langue », explique Marcel Godbout.
En ce moment, plus aucun membre de la communauté ne parle la langue wendat couramment. M. Godbout raconte que certains connaissent des mots ou des expressions, mais il n’existe plus aucune personne capable d’entretenir une vraie conversation.
Le processus de revitalisation vise donc à ce que la langue wendat soit de nouveau parlée par les membres de la nation. Selon M. Godbout, au Québec, la majorité des autres nations autochtones comptent des locuteurs même si ce n’est pas toute leur population qui peut parler leur langue. Elles ne font donc pas face au même problème que la nation huronne-wendat.
« Il faut mettre tous les moyens en place pour faire en sorte qu’on puisse reparler cette langue-là un jour. On y croit parce qu’on a des ressources dans la communauté comme des gens qui ont étudié en linguistique. On a des gens chez nous qui ont la science et on a déjà commencé à acquérir des connaissances sur la structure de notre langue », souligne M. Godbout.
Manque de ressources
Pour Marcel Godbout, l’objectif de la revitalisation est bien précis : il faut développer des locuteurs de la langue wendat. Ces derniers pourront par la suite enseigner dans un milieu qui se veut le plus possible immersif afin que de plus en plus de membres de la communauté apprennent leur langue.
Toutefois, ce processus prendra du temps puisqu’il manque encore de ressources pour que ceux qui voudront enseigner deviennent des locuteurs. M. Godbout explique que la nation possède une douzaine de manuscrits qui sont une très grande ressource, mais qu’il existe encore des mystères pour les linguistes qui travaillent à déchiffrer et expliquer la langue.
« Moi-même qui a dépassé les 50 ans, je ne suis pas sûr que je verrai quelqu’un de mon vivant parler couramment notre langue. Peut-être que ma fille verra des gens le faire quand elle sera plus âgée ou peut-être la génération suivante, mais c’est un long processus et il faut être patient », soutient Marcel Godbout.