C’est à guichets fermés qu’a eu lieu le 31 janvier dernier la première à Québec du long métrage Mon ami Walid au Grand Théâtre de Québec. Adib Alkhalidey et Julien Lacroix ont présenté leur comédie dramatique devant 2 000 personnes, soit leur plus grand auditoire depuis le début de leur tournée provinciale. Après avoir contourné les standards de l’industrie du cinéma pour la production de leur film, c’est de la même façon qu’ils le font découvrir au grand public québécois.

Tout comme les résidents de Gatineau, Trois-Rivières, Montréal, Drummondville, entre autres, les spectateurs de Québec ont dû acheter leurs billets sur le site Internet du film pour assister à son unique représentation pour une somme de 22 dollars. Après le visionnement, les deux humoristes sont montés sur scène pour discuter avec le public du scénario, mais aussi de la réalisation et de la production du film qui sont inhabituels.

Mettant en vedette Guy Jodoin, Christian Bégin, Mehdi Bousaidan, Yannick De Martino et plusieurs autres acteurs, ce premier long métrage pour Lacroix et Alkhalidey aborde la détresse, le suicide et la maladie mentale sous un angle humoristique.

Étant bien connus sur le Web, les deux amis ont profité de cette visibilité pour lancer une campagne de socio-financement vers la fin mars 2018. Cette façon de faire s’explique par « l’urgence de tourner » des deux humoristes, déjà auteurs de plusieurs capsules Web humoristiques. Afin d’éviter le processus nécessaire au financement par subventions, c’est donc via la plateforme de financement La Ruche que 80 000 dollars ont été amassés pour le début du tournage en mai 2018. « C’est un montant extrêmement petit, considérant qu’un film québécois nécessite normalement quelques millions », explique Julien.

Une communauté qui se serre les coudes

En plus de la collecte de fonds, des spectacles bénéfices et beaucoup d’aide venant de la communauté d’artistes ont contribué à la réalisation du long métrage. « Tout le monde a été tellement généreux […] on trouve ça malade ! », s’emballe Julien. Dix jours et 150 000 dollars d’investissement plus tard, le film a connu sa première médiatique montréalaise le 10 janvier dernier. « Encore aujourd’hui, les revenus reçus par les visionnements en salle servent à payer les acteurs de notre film », explique Adib en riant.

Alors que Julien signe sa première œuvre cinématographique, Adib en est à sa deuxième avec le court métrage Va jouer dehors qui a obtenu le prix de la critique internationale Fipresci du Festival REGARD en 2017.

Particulièrement fiers de leur œuvre et ébahis devant la collaboration retrouvée dans la communauté artistique, les jeunes producteurs ont laissé entendre qu’une nouvelle production se trouvait bel et bien sur la table.