Jeudi, 1er décembre 2022, l’Assemblée nationale du Québec a adopté une motion pour condamner « la répression des manifestants iraniens sous le régime islamique oppressif ». Pendant 29 jours, Maryam Alavi, iranienne engagée pour aider son pays, s’est présentée devant le Parlement à Québec, dans l’espoir de faire entendre la voix des Iraniennes.
« Avec l’adoption de la motion, je suis pleine d’émotions mélangées. Je ressens une fierté, un amour, mais aussi, un sentiment de vengeance » témoigne Maryam Alavi. Depuis le 16 septembre, cette actuaire pour le gouvernement, s’est donné la mission de faire ouvrir les yeux aux Québécois et Québécoises sur la violation des droits humains et les contestations meurtrières qui se déroulent en Iran. Après la nouvelle du décès de Mahsa Amini, jeune fille arrêtée par la police des mœurs, parce qu’elle ne respectait pas le port du voile, un mouvement de manifestation est venu secouer le pays. Le gouvernement islamique tente de réprimer les actions de ses contestations et les autorités iraniennes ont reçu l’ordre « d’affronter sans pitié ». Selon l’ONG Iran Human Rights, au moins 448 personnes ont péri jusqu’à présent.
L’exécution, l’outil de répression ultime du gouvernement iranien, a commencé à se multiplier à partir du 1er novembre. Dans les rues, les manifestants revendiquent leurs droits et scandent, en chœur, des slogans pour retrouver la liberté. Des centaines d’entre eux sont jetés en prison. « Vu qu’il n’y a plus de place en prison, les forces de l’ordre doivent trouver une solution. Et qu’ont-ils trouvé ? La condamnation à mort. » s’écrie Maryam Alavi. C’est ainsi que, depuis ce jour-là, Mme. Alavi et deux de ses amies, se sont rendues devant le Parlement où se tient l’Assemblée nationale, tous les jours, jusqu’au 30 novembre. Après plusieurs semaines, des députés les ont écoutés et c’est avec l’aide de Ruba Ghazal, députée solidaire de Mercier, qu’un projet concret a pu être mené. Selon Maryam Alavi, le nombre de votes positifs pouvaient se compter dans les centaines. La motion, ratifiée à l’unanimité, souligne plusieurs points : « L’Assemblée nationale affirme son entière solidarité aux femmes en Iran qui prennent part à une véritable révolution féministe et démocratique en sortant dans la rue sans voile, au péril de leur vie, pour défendre leurs droits ; qu’elle condamne fermement les meurtres d’enfant commis par le régime iranien, l’utilisation de la torture dans les prisons iraniennes et la condamnation à la peine de mort à des manifestants emprisonnés de façon arbitraire ; etc. »
« Si ce gouvernement tyrannique tombe, le monde va changer »
C’est envahie d’une motivation, une passion et un espoir immense que Maryam Alavi et ses amies se demandent ce qu’est la prochaine étape pour continuer les actions et « arrêter ce gouvernement sans cœur, ni logique, qui tue ses propres enfants ».
La motion passant, c’est un premier pas et une ouverture aux futures demandes que les irano-canadiennes veulent soumettre au gouvernement fédéral. Leur priorité : la demande d’actions pour suspendre les exécutions en cours. Ensuite, elles demandent au gouvernement fédéral de couper toutes les relations avec Téhéran et leur régime théocratique abusif. « Je ne peux pas demander au Canada d’aider financièrement la population à l’intérieur du pays. Par contre, je peux demander d’expulser les dirigeants iraniens et leurs proches du Canada » précise Mme Alavi. Ici, elle ne parle pas d’une expulsion temporaire mais bien d’une expulsion à vie, où la détention d’un visa serait nulle.
Convaincue que le régime va tomber, Maryam Alavi s’est exclamée « La chute du gouvernement islamique d’Iran, c’est mieux pour l’humanité. Nous vivrons dans un monde meilleur s’il n’existe pas ! ». Depuis 80 jours, les Iraniennes se révoltent et selon l’actuaire, « il ne faut rien lâcher ».
Après avoir pris la parole lors de deux conférences organisée par l’AIUL (Association des Iraniens et Iraniennes de l’Université Laval) à l’Université Laval, Maryam Alavi et son amie, Leila Mirzapour seront de retour le 19 décembre, pour sensibiliser les étudiants et étudiantes à la situation vécue en Iran.