Québec- Élu maire de la Ville de Québec en 2007, Régis Labeaume a polarisé l’attention médiatique au fil de ses sorties spectaculaires. Mais la perception des citoyens à son endroit est en train de changer.

Arrivé en sauveur pour l’organisation des fêtes du 400e en 2008, il a depuis cumulé les coups d’éclat : le rebranding de Clotaire Rapaille, l’amphithéâtre, le retour potentiel des Nordiques et le récent Phare de Québec. Son attitude combattive et intransigeante a fait de lui une véritable boîte à surprises connue à l’échelle provinciale.

Mme Guylaine Martel, professeure au département de communication de l’Université Laval, a fait de Régis Labeaume l’un de ses sujets d’études. Elle donne le cours Construction de l’image médiatique  et s’y intéresse, entre autres,  à la « contribution de l’image des politiciens au débat politique ». Selon elle, Régis Labeaume incarne « le changement du modèle du politicien » de la dernière décennie. Les caractéristiques de ce nouveau modèle sont facilement identifiables en la personne de M. Labeaume, chez qui  « les traits sont grossis ».

Pour Mme Martel, le succès qu’a connu M. Labeaume à ses débuts en politique active est dû à ses traits de personnalité caractéristiques qui se sont depuis atténués : « Ce n’est pas pour rien que son style plaisait, il faut penser [au fait] qu’il est arrivé à un moment où on en avait vraiment marre de la langue de bois, […] marre des scandales et on est arrivé avec quelqu’un qui disait tout ce qu’il pense, ce qui n’est pas toujours une bonne chose, mais dans le contexte, ça a été perçu comme positif. Alors il en a beurré épais avec ce style là, mais on voit de plus en plus qu’il acquiert les caractéristiques discursives et d’image des politiciens de carrière ».

Du matériel à caricature

Le caricaturiste du Soleil André-Philippe Côté, habitué à scruter à la loupe les personnalités politiques locales et nationales, confirme qu’un maire comme Régis Labeaume est une superbe source d’inspiration pour lui et ses collègues : « C’est un personnage très, très marqué : physiquement, il est très petit […] psychologiquement, c’est l’inverse d’être petit, il a comme un syndrome de grandeur, de grandiosité ». Ce qui n’est pas étranger selon lui au fait qu’il soit devenu en quelques années seulement un maire important, imposant, cumulant plus de 80% des votes aux élections municipales. «  On voit ça en littérature : le petit maire d’une ville moins importante qui lui donne des allures. On ne voit pas ce comportement chez un maire d’une grande, grande ville,  […] le maire typique de la ville moyenne, je trouve.», ajoute M. Côté.

Les temps changent, l’image aussi

Si l’image de M. Labeaume évolue, la perception des citoyens à son égard  aussi. Il est passé du « maire sauveur » qui a rescapé d’un naufrage prévisible le projet événementiel Québec 2008, son heure de gloire selon André-Philippe Côté, au maire que l’on connait actuellement, davantage critiqué. On remarque que ce sont les débats entourant la construction d’un nouveau Colisée de Québec qui ont changé la donne : « En 2008, il est allé chercher un consensus au niveau de la ville, […] avec l’amphithéâtre cela a commencé à être plus problématique, parce que c’est pas tout le monde qui est emballé par le fait de mettre 400 millions sur un amphithéâtre. », note le caricaturiste.

À savoir si son travail a aidé à consolider l’image de M. Labeaume, André-Philippe Côté répond que le maire en profite parce cela nourrit le sentiment de familiarité qu’entretient la population envers lui.  M. Côté se souvient qu’à l’époque où Gérald Tremblay était maire de Montréal, on avait dans la métropole un œil sur ce maire de Québec, efficace, impressionnant. La situation s’est quelque peu rééquilibrée depuis l’élection de Denis Coderre. « Au-delà de ce qu’il a fait, c’est quelqu’un de dynamique. Un motivateur. », conclut-il.