Votée le 10 octobre dernier, la loi 17 concernant le transport rémunéré de personnes par automobile mécontente les chauffeurs de taxis. En cause, le montant du remboursement des dommages auxquels ils ont dû faire face avec l’arrivée de la plateforme Uber sur le marché en 2014. Le vice-président de Taxi Coop 5191, Lassaad Salmani, revient sur l’adoption de cette loi et ses répercussions qu’il juge dévastatrices pour la profession.

Votée à 55 voix, la loi présentée au printemps dernier par le ministre des Transports, François Bonnardel, sera appliquée après des mois d’attente et d’interrogations sur le devenir des chauffeurs de taxis et ceux de la plateforme Uber. Quelque 22 000 chauffeurs et propriétaires de taxis intentent une action en justice pour contrer cette loi visant à supprimer les permis souvent acquis à grands frais. Le vote de la loi du 10 octobre était pour eux l’occasion de se faire de nouveau entendre. Lassaad Salmani, présent à la manifestation qui se tenait devant l’Assemblée nationale, témoigne : « C’était notre dernière tentative pour essayer d’alerter les politiciens. »

Le projet pilote qui encadre l’application Uber prenant fin le 14 octobre, le vote devait donc se tenir avant cette date butoir pour assurer sa prolongation. Ce que prévoit la loi, c’est un dédommagement s’élevant à 814 millions de dollars. Mais les revendications des chauffeurs sont tout autres comme le confirme le vice-président de Taxi Coop : « On fait face à une expropriation. Nous ce qu’on veut, c’est un remboursement équitable, c’est-à-dire calculé selon la valeur marchande actuelle du permis. » Le montant serait majoré à 1,4 milliard de dollars si le recours collectif déposé le 15 octobre par les chauffeurs de taxi est jugé recevable.

Le prix du permis des taxis varie selon la zone géographique, à savoir qu’un taxi paiera son permis plus cher dans des villes comme Montréal ou Québec et nettement moins en région. Le tarif est également fortement lié à la loi du marché : « Ces 15 à 20 dernières années, on pouvait compter 30 à 40 000 dollars mais la spéculation fait que les prix ont flambé. Aujourd’hui on est plus proche des 180 000 dollars », déplore Lassaad Salmani.

L’uberisation de la profession

L’entrée d’Uber dans l’industrie compétitive des transports cause des pertes notables aux taxis traditionnels : « On constate une baisse de 25 à 30 % de notre chiffre d’affaires depuis 2014 », confirme Lassaad Salmani. Cette concurrence que certains jugent déloyale rend l’avenir de compagnies comme Taxi Coop incertain.

Cependant la digitalisation y est en nette progression, laquelle répond à une demande accrue de la part des consommateurs : « Les personnes âgées ne vont pas sur les applis, elles composent le numéro de téléphone quasi par cœur, elles nous sont fidèles. Mais pour attirer les plus jeunes, on a lancé l’application Taxi Coop. » Un élan optimiste que partage ici Lassaad et qui rend compte d’un renouvellement nécessaire pour s’adapter aux nouvelles pratiques du métier.

Les compagnies de taxis sont en difficulté depuis l’arrivée de leur concurrent Uber sur le marché. (Crédit photo : Charlotte Merlet)