L’arrivée du coronavirus dans la province a frappé de plein fouet l’économie québécoise et a durement touché plusieurs commerces. Contre toute attente, certains ont vu leurs profits fleurir après le déconfinement, dont la Librairie du Quartier située à Québec. Selon Gabrielle Barbeau-Bergeron, libraire depuis six ans dans cette boutique indépendante, les ventes atteignent des records depuis la reprise tant attendue du magasin.

Ne possédant pas de site transactionnel de vente en ligne, la Librairie du Quartier a beaucoup souffert du confinement du printemps dernier. Mais la clientèle, impatiente de sa réouverture, a vite fait de compenser les sept semaines d’inactivité de la boutique, affirme Mme Barbeau-Bergeron. En effet, depuis le 4 mai dernier, la demande est en pleine croissance et « les ventes ont rarement été aussi élevées », déclare-t-elle fièrement.

Depuis cet été, les clients habituels, résidant dans le quartier Montcalm à Québec, sont encore plus présents qu’auparavant, explique la libraire. Ces derniers, marqués par le confinement du printemps, ont grandement bonifié leurs transactions. La crainte que leur bibliothèque personnelle se retrouve de nouveau désuète les a poussés à faire de grosses réserves, constate-t-elle. Toutefois, cette clientèle n’est qu’en partie responsable de la hausse des ventes. « J’ai vu des gens, qui lisaient peu ou même jamais avant, acheter des piles de livres », dévoile la vendeuse.

La pandémie a permis à beaucoup de personnes de se reconnecter avec la lecture, précise la libraire québécoise. Certains ont désormais davantage de temps à investir, car ils n’ont plus à se déplacer pour l’école ou leur emploi. D’autres y ont trouvé un moyen de se distancier du monde virtuel, remarque-t-elle. « Les gens travaillent devant des écrans toute la journée et le soir ils ont envie de s’occuper autrement ».

Beaucoup de parents ont aussi recommencé à lire afin d’encourager leurs enfants à en faire autant. Ces derniers peuvent acheter des dizaines de livres et albums jeunesse à la fois, lance Mme Barbeau-Bergeron.

Nouvel engouement pour le local

Avant la pandémie, lors de la période estivale, la clientèle de la librairie située sur l’avenue Cartier se composait en grande partie des touristes internationaux. Par contre, cette clientèle n’est aujourd’hui pas perdue : une nouvelle plus locale l’a remplacée, assure la libraire. En effet, cet été, la boutique a connu un grand succès auprès des Québécois et des files d’attente s’installaient même en dehors du magasin. Pendant leurs vacances, les gens, autant du quartier que des régions avoisinantes, prenaient plus le temps de bouquiner et de visiter les commerces locaux.

Même si l’automne est bien entamé, la popularité de Librairie du Quartier et l’intérêt de la population pour la culture québécoise ne sont point partis en fumée. « On sent qu’un engouement plus marqué pour les librairies indépendantes et la littérature québécoise prend place dans la société », déclare joyeusement Mme Barbeau-Bergeron.

L’épidémie mondiale n’aura pas que des conséquences négatives dans la province, affirme la libraire. Même si rien n’assure la continuité de la croissance des ventes en librairie, selon elle, la sensibilisation à l’achat local restera imprégnée encore longtemps dans les comportements des Québécois.

La libraire Gabrielle Barbeau-Bergeron encourage les gens à lire pendant la pandémie. Elle soutient que la lecture, en plus de permettre de se déconnecter des écrans, est grandement bénéfique pour une meilleure santé mentale. (Crédit photo : Mélina Poulin)

La Librairie du Quartier, située dans le quartier Montcalm à Québec, encourage l’achat de livres québécois. Elle propose également les dernières parutions de nombreuses maisons d’édition de France. Des gens du secteur, autant qu’ailleurs en ville, viennent quotidiennement voir les nouveautés en vente dans cette librairie indépendante. (Crédit photo : Mélina Poulin)