L’idée des camions-restaurants fait son chemin dans la région de Québec. Passant d’inconcevable à probable, elle s’incruste tranquillement dans la tête des maires de Québec et de Lévis. Ce dernier vient ainsi d’annoncer qu’un projet-pilote pourrait être mis en place dès cet été, de son côté de la rive. Une annonce bien reçue par les acteurs du milieu… à condition que les restaurateurs soient respectés dans le processus.

Selon les dires de Gilles Lehouillier, maire de Lévis, un seul restaurateur, déjà propriétaire d’un établissement de la ville, aura l’autorisation de se positionner en camionnette à un endroit où la concurrence est faible, possiblement le long du fleuve. Les résultats de l’expérience seront ensuite partagés avec l’administration Labeaume, qui manifeste également le désir de passer à l’essai à l’été 2017.

« C’est une bonne chose que ce soit une personne déjà expérimentée qui participe au projet-pilote. Ça risque de donner des résultats plus sérieux qui tiennent compte de l’avis des restaurateurs », estime Marie Côté, propriétaire du restaurant Le Frigo, situé à Saint-Vallier. Selon elle, les cuisines de rue ne représentent pas une menace, bien au contraire : « C’est un projet très intéressant pour les citoyens et les touristes et même une idée très attirante pour les restaurateurs. »

En effet, elle explique que la formule camionnette comporte bien des avantages : « Les taxes et les frais reliés à la location du local d’un restaurant, à l’électricité, au maintien des meubles [qui s’usent très vite], etc., peuvent monter rapidement. L’avantage avec le camion, c’est qu’il n’y a pas de local à payer, pas de salle à manger à gérer et peu d’entretien nécessaire. Ça revient forcément moins cher à l’année ».

Bien qu’elle soit tout à fait en accord avec le projet, Marie Côté estime qu’il est quand même nécessaire qu’un contrôle rigoureux soit exercé par la Ville : « Il est certain que ça doit être réglementé adéquatement pour qu’on s’assure de la qualité de ce qui va être entrepris et du respect des restaurants en place dans le processus. »

Exiger un permis

Pour ne pas que les restaurants se trouvent pénalisés par la venue de ces cantines sur roues, des zones précises doivent être délimitées, selon la propriétaire du Frigo : « Déjà que la marge de profit est mince dans le milieu, on ne veut pas être concurrencés par des roulottes. Il y a plein d’endroits exploitables super intéressants pour eux, où la présence de restaurants est presque nulle. En bas des chutes Montmorency, par exemple. »

Il est essentiel pour madame Côté que la Ville exige un permis des cuisiniers de rue, afin qu’elle puisse exercer un contrôle sur le nombre et la qualité des entreprises. « Il ne faut pas non plus que ça devienne un trafic de roulottes », explique-t-elle.

Elle suggère même de s’inspirer de Montréal, où les critères de créativité et de provenance des produits sont pris en compte dans la délivrance des permis : « Après tout, on a bien du plaisir l’été à s’arrêter sur le bord de la route manger un petit quelque chose original et local à la cantine du coin! », s’exclame-t-elle.