Avec un très faible taux de chômage, la Ville de Québec vit une période de plein emploi. La vaste disponibilité de postes offerts a de quoi ravir les employés à la recherche de nouveaux défis. Cette réalité se traduit toutefois par une pénurie de main-d’œuvre pour de nombreux employeurs de la Capitale-Nationale. Bernard Fugère, propriétaire du restaurant Royal 24, est préoccupé par les retombées potentielles de la situation.

 La diminution marquée du taux de chômage est le signe d’un marché de l’emploi en bonne santé, du moins pour les travailleurs. Le phénomène du plein emploi se présente à eux un peu comme un buffet où ils peuvent personnaliser leur assiette et se permettre de choisir. L’offre est grande à un point tel qu’elle excède la demande et crée un casse-tête pour les employeurs.

Bernard Fugère, aux commandes de son restaurant depuis près de 17 ans, en sait quelque chose. Ses employés doivent parfois faire des heures supplémentaires pour combler le besoin. Ceci augmente le coût des opérations car le salaire doit être majoré pour les heures additionnelles. En tant que patron, ce n’est pas de tout repos. « Le manque d’employés fait en sorte que je dois travailler en fou », dit-il.

Il mentionne qu’il est toujours à la recherche d’un cuisinier à temps plein pour combler un poste vacant depuis deux mois. Deux mois avec un chef en moins, en restauration, c’est un peu comme conduire une voiture avec une roue de secours. C’est viable dans une certaine mesure, mais temporairement. « Pour survivre, il faut savoir être polyvalent », évoque-t-il. Il met lui-même les mains à la pâte pour encourager son personnel et pour assurer le bon fonctionnement de son restaurant, malgré notamment le manque d’un cuisinier.

Faire des heures supplémentaires peut demander beaucoup de motivation. Remercier ses employés pour le travail qu’ils font est essentiel pour lui. « Il est très important d’avoir de la reconnaissance », rajoute M. Fugère. Il croit qu’il faut reconnaître l’importance du rôle de chacun, peu importe les fonctions exercées. Selon lui, en cette période de pénurie de main-d’œuvre, il est d’autant plus primordial de montrer à chaque employé qu’il a sa place et qu’il est important.

Un 15 $ qui pourrait faire mal

Fugère craint la hausse à court terme du salaire minimum à 15 dollars de l’heure. Il ne croit pas que cela pourrait améliorer le besoin criant de personnel, mais plutôt que cela pourrait mener à des fermetures dans le milieu. L’augmentation subite du salaire de ses employés à taux régulier et à pourboire serait difficile. Il devrait probablement augmenter le prix des repas pour les clients, ce qui pourrait s’avérer être un couteau à double tranchant.

Puisque les sorties au restaurant ne sont pas des besoins essentiels, c’est souvent ce que les consommateurs coupent en premier lorsqu’ils sont exposés à des hausses de prix. L’achalandage de son restaurant diminuerait progressivement et il se retrouverait dans une impasse. La hausse du salaire minimum à 15 dollars de l’heure n’est donc pas pour lui une solution magique au manque de main-d’œuvre.