Alors que l’Alberta hausse le salaire minimum à 15 dollars de l’heure et que les syndicats demandent au Québec d’emboiter le pas, la Coalition avenir Québec (CAQ) refuse de suivre le mouvement. Vladimir, petit commerçant d’une épicerie fine spécialisée dans les produits d’Europe de l’Est à Québec, croit qu’augmenter le salaire minimum comme les autres provinces est impossible. Il affirme que pour lui, c’est une question de survie.

« Chaque augmentation frappe beaucoup l’économie et le marché des produits fins, c’est clair », affirme le propriétaire de Chez Vladimir. Et de préciser : « En Ontario, ils ont augmenté beaucoup plus le salaire minimum, donc le prix dans mon épicerie pour les produits d’Ontario a augmenté beaucoup. »

Le Moscovite assure que le prix de ses charcuteries, par exemple, s’est significativement accru depuis l’an passé. Il craint que les consommateurs arrêtent de fréquenter son établissement. Il ajoute que sa clientèle, principalement composée d’immigrants d’Europe de l’Est, n’est pas toujours la plus aisée de la ville. Pour ces derniers, les visites à l’épicerie fine ne sont pas une priorité et une augmentation des prix pourrait en dissuader certains d’acheter : « C’est surtout la nostalgie pour les immigrants. »

C’est surtout l’augmentation des prix de ses produits qui inquiète le commerçant, car il n’a pas beaucoup d’employés à sa charge : « L’augmentation de salaire pour moi ça change rien, mais pour les produits que je vends. » En effet, Vladimir et sa femme tiennent l’épicerie eux-mêmes. Ils n’engagent du personnel supplémentaire que pour les fins de semaine ainsi que pour la période des fêtes.

La ville de Québec possédait des épiceries russes et roumaines auparavant. Chez Vladimir est la dernière de l’Europe de l’Est à Québec : « Tout est fermé parce que le marché est très, très difficile ». Sa boutique était d’abord spécialisée pour les produits russes et ukrainiens, mais elle a dû élargir sa sélection pour survivre au marché.

Les autres provinces en action

L’an passé, Kathleen Wynne, ex-première ministre de l’Ontario, annonçait que le salaire minimum de sa province augmenterait en janvier 2019 à 15 dollars de l’heure. Doug Ford, le premier ministre actuel, promet que le salaire restera à 14 $ en gelant la hausse prévue. Depuis le 1er octobre, le salaire minimum s’est accru à 15 $ l’heure en Alberta.

Au Québec, le salaire minimum s’élève actuellement à 12 $ de l’heure. L’augmentation était d’abord planifiée pour 2019, mais elle s’est réalisée en mai 2018. Le gouvernement de la CAQ assure que le salaire minimum ne changera pas à 15 $ l’heure de sitôt, malgré la protestation de certains syndicats, comme la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ).

Même si l’épicerie fine risque de ne pas survivre, Vladimir affirme que le gouvernement ne devrait pas intervenir pour dédommager les petits commerçants. Selon lui, le marché doit parler de lui-même et rester le plus libre possible.