Bien qu’il y ait moyen de gagner de l’argent avec cette profession, il est difficile d’en vivre, admet Thomas Guay-Vachon. En contexte d’inflation post-pandémique, l’ébéniste constate que les gens se tournent de plus en plus vers les grandes surfaces pour leurs projets de meubles et armoires. Les artisans ne peuvent pas rivaliser avec les tarifs offerts. « C’est sûr qu’IKEA va toujours nous battre », dit le jeune diplômé. Il complète ses revenus avec un emploi à temps partiel comme barista.
Alors que sa cohorte débute avec 22 étudiants, six d’entre eux ont terminé la formation et deviennent ébénistes. La relève est incertaine. Un grand nombre d’ébénistes font le saut vers le métier de charpentier-menuisier, qui offre un meilleur salaire et une meilleure stabilité d’emploi.
Il existe cependant un certain marché pour les artisans du bois. « Il y a du monde qui va vouloir du sur-mesure. Ils vont être prêts à payer pour quelque chose de qualité fait par un artisan local. Il faut juste savoir trouver ces gens-là », dit Thomas. Il remarque qu’ils sont par exemple plus rares ces temps-ci.
Inspiration historique
Thomas pense que l’ébénisterie peut mener à la réflexion sur notre rapport à la consommation moderne. « Ça a toujours existé [le travail du bois]. Il ne faut pas prendre pour acquis ce qu’on a aujourd’hui. »
Thomas conçoit des bols, des cuillères, des scies, des haches et autres objets en s’inspirant de sources historiques provenant du Moyen-Âge. Il les vend entre autres dans des événements de reconstitution historique, comme la Feste Médiévale de Saint-Marcellin. Il aime faire redécouvrir l’art du bois aux gens.
Durant ces mêmes événements, il propose des performances en temps réel pendant lesquelles il produit différents objets avec des techniques authentiques et démontre son savoir-faire. « Les gens sont curieux. Ils viennent voir ce que je fais. Tailler un morceau de bois à la hache, ils n’ont pas tous vu ça même si leurs grands-parents le faisaient », dit-il. Il veut que les gens se reconnectent avec leur passé au travers de son art.
Pour le futur, il aimerait retourner dans sa région d’origine : le Bas-Saint-Laurent. Il envisage un avenir en enseignement de l’ébénisterie qui lui permettrait de transmettre sa passion à la relève. Il est intéressé par une possible relance du programme d’ébénisterie à l’école secondaire Paul-Hubert. Il pourrait également être intéressé par un poste d’enseignant au Centre de formation Rimouski-Neigette qui offre un programme en ébénisterie. Selon Thomas, c`est une des seules options qui lui permettrait d’envisager un avenir à temps plein dans l’ébénisterie.