QUÉBEC – Malgré la victoire du Non en Écosse, hier, Bernard Drainville estime que le camp du Oui a mené une campagne dont le Québec pourrait certainement s’inspirer.

Ça y est. C’est hier que plus de 4 millions d’électeurs écossais se sont prononcés sur la question de la souveraineté. Le camp du Oui a perdu, l’Écosse ne deviendra pas un pays. Du moins pas à court terme.

Bernard Drainville, potentiel candidat à la chefferie du Parti québécois, considère toutefois que, malgré les résultats sortis hier, le Québec peut tirer de belles leçons de la campagne menée par le mouvement souverainiste Yes Scotland. « Ils ont réussi une telle progression, et ont mené une campagne tellement inspirante, qu’il y a pour nous, indépendantistes québécois, de très beaux enseignements », a déclaré le député de Marie-Victorin.

Il faut rappeler que le camp du Oui est descendu jusqu’à 29% d’appui, pour finalement se retrouver pratiquement coude à coude avec le mouvement d’opposition. Bernard Drainville mentionne notamment la décentralisation de la campagne menée par le mouvement indépendantiste comme un aspect ayant certainement contribué à son succès.

« C’est une campagne où les citoyens ont pris le contrôle du camp du Oui », a mentionné l’homme politique. Drainville estime qu’un référendum qui est mis entre les mains des citoyens permet de décupler la force du mouvement.

Dans le cas de l’Écosse, les partisans du Oui se sont sentis «investis d’une mission personnelle», a ajouté le député péquiste. Et dans l’éventualité d’un troisième référendum au Québec, Drainville considère que c’est exactement ce qu’il faudrait réussir à faire : réunir le peuple et obtenir de lui un investissement personnel.

La clarté du processus

De nos jours, à l’heure d’internet et des réseaux sociaux, les citoyens ont un accès extrêmement rapide à une multitude de sources d’information. Et ces citoyens de l’ère numérique apprécient que les politiciens soient francs et directs, estime Bernard Drainville. Exactement ce que le camp du Oui a fait en Écosse.

En effet, le premier ministre nationaliste écossais, Alex Salmond, a publié un «livre blanc» extrêmement détaillé qui dessinait le pays que pourrait devenir l’Écosse, dix mois plus tard. De cette manière, en plus de répondre aux peurs des Écossais, le camp nationaliste «propose une vision positive de l’indépendance », a souligné Drainville. Ce que, selon lui, le Québec ne devrait pas manquer de faire dans le cas d’un troisième référendum.

Comparaison avec le Québec

Pour les Québécois qui ont vécu le référendum de 1995, la campagne de peur menée par le mouvement Better together, quelques semaines avant le jour J en Écosse, évoque certainement quelques souvenirs. « Ce sont les mêmes arguments de peur que ceux que nous avons entendus au Québec entre 1980 et 1995 », a mentionné Bernard Drainville.

Selon l’homme politique, le camp du Non en Écosse a utilisé la peur en fin de campagne, sachant que cette stratégie fut efficace par le passé, notamment ici, au Québec. Selon Drainville, « les arguments de peur sont des arguments qui sont très convaincants pour les personnes qui sont plus indécises ou qui se sentent un peu plus vulnérables ».

Quoi qu’il en soit, sans jamais perdre de vue que l’Écosse et le Québec sont dans des situations politiquement différentes, il y a certainement de beaux enseignements à retenir de cette campagne pour tous ceux qui aspirent à faire un jour du Québec un pays.