QUÉBEC — «À Québec, on ne peut pas avoir un blanc en caricature, parce qu’on a Régis Labeaume», lance le caricaturiste du journal Le Soleil, André-Philippe Côté, lors du Bye Bye 2013 en caricatures qui s’est tenu samedi 16 novembre au Musée de la civilisation de Québec.

L’événement a réuni pas loin de 150 personnes venues faire le point sur les évènements marquants de l’année 2013. Un mois après l’autre, le panel a commenté et analysé les divers évèments de l’actualité qui ont inspiré les dessins des caricaturistes. Le lac Mégantic, la Charte des valeurs et le maire Régis Labeaume sont des thèmes qui ont été largement exploités cette dernière année.

Organisé par la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ), le Bye Bye 2013 en caricatures a rassemblé les caricaturistes André-Philippe Côté (Le Soleil) et Ygreck (Le Journal de Québec). Le panel était également composé du chroniqueur Jean-Simon Gagné (Le Soleil), de l’éditorialiste Antoine Robitaille (Le Devoir) et du journaliste Taïeb Moalla (Journal de Québec). Claude Bernatchez (Radio-Canada) a assuré l’animation de l’activité.

Les deux caricaturistes sont unanimes; ils n’en peuvent plus de dessiner des politiciens en costume-cravate?! Ygreck, lui, essaie de dessiner le maire Labeaume, le plus souvent possible, avec un chandail des Nordiques plutôt que dans son traditionnel costume-cravate. André-Philippe Côté a ajouté que le printemps érable était, pour les dessinateurs, une période absolument extraordinaire. «C’était une fête. Des carrés rouges, des casseroles, des bananes, des pandas, c’était tellement riche visuellement. La Comission Charbonneau, c’est d’une platitude. Dès que nous avons l’occasion de faire revenir la banane ou le panda, on le fait?!»

D’ailleurs, la marge de manœuvre est assez grande pour ces deux caricaturistes. Ils affirment bien connaître ce que leurs patrons attendent et ne se sentent pas limités ou orientés dans ce qu’ils doivent faire. André-Philippe Côté parle d’une liberté pratiquement infinie dans les thèmes et dans l’angle. Ygreck a parfois un thème imposé lorsque le journal veut sortir un dossier spécial.

Les caricatures et le Web

La caricature d’André-Philippe Côté, datant du 3 octobre 2013 détourne la manifestation des Femen pour mettre l’accent sur l’ouverture de la saison de hockey.

Pour Ygreck, Internet a une influence positive sur son travail de caricaturiste et que sans son existence, il ne pourrait pas faire ce métier. En effet, les réseaux sociaux lui permettent de partager ses esquisses et tous les dessins qui ne sont pas nécessairement publiés dans le journal.

André-Philippe Côté est un peu plus mitigé. «Oui, il y a des aspects positifs, mais il y en a des négatifs aussi. Par exemple, Internet ne paie pas, il n’apporte aucun revenu.» Il ajoute qu’avant, il pouvait arriver à trouver l’usage de ses caricatures sur Internet. Maintenant, il les envoie «sur la toile» et c’est complètement impossible à retrouver à moins qu’ils soient utilisés par un média sérieux.

«Nous, personne ne rit dans notre atelier»

Toutefois, «ça permet une certaine ouverture sur le monde, on peut être publié partout. Ce n’était pas possible il y a 15 ou 20 ans.» De plus, les médias sociaux permettent d’augmenter les réactions et l’interaction avec le public?; «lorsqu’on est caricaturiste, on ne fait pas qu’imager des sujets d’éditoriaux. Des fois on fait aussi des blagues. Les humoristes, eux, quand ils font une blague, tout le monde rit dans la salle. Nous, personne ne rit dans notre atelier. Avec Facebook, maintenant, on peut avoir des réactions rapidement.»

Malgré l’évolution de la diffusion de l’information et de la présence du Web dans leur métier, André-Philippe Côté ajoute que «c’est agréable d’imager un phénomène social, de synthétiser l’information en image, d’arriver à refléter un courant de pensée dans la société et que les gens se sentent interpellés par sa caricature.» Il conclut en ajoutant que la caricature des acteurs politiques ou sociaux passe beaucoup mieux par le dessin que par les mots.