Œuvrant dans le métier depuis près de 35 ans, un pharmacien du Lac-St-Jean (qui a souhaité garder l’anonymat) est bien au fait de la pénurie de médecins au Québec. Mais il constate que la situation est plus simple pour les citoyens vivant en région, moins touchés par le fléau.

La situation n’est pas nouvelle et s’observe partout au Québec. Les cliniques « sans rendez-vous » sont gorgées de patients de plus en plus nombreux qui perdent souvent espoir de trouver un médecin de famille. On observe que les gens âgés de 30 à 40 ans ont le plus de difficulté à accéder au service.

Les patients vulnérables sont priorisés, et on estime qu’environ 100% des gens de 70 à 80 ans y ont accès, et 88% des gens de la tranche d’âge de 50 ans et plus. « Les gens, s’ils désirent obtenir un suivi rapide efficace avec le même médecin, sont souvent contraints de payer. Sinon, ils doivent se contenter d’un médecin dépanneur du « sans rendez-vous » ou de l’urgence », affirme le pharmacien.

Il y a toutefois des progrès. À l’échelle de la province, on a observé une nette amélioration de 2015 à 2019 : le chiffre est passé de 70 à 82%. En Estrie, par contre, la situation est plus critique : le taux a diminué de 9% depuis 2014. Au Bas-Saint-Laurent, on a observé une baisse de 90 à 87,7% due au départ à la retraite de plusieurs médecins.

« J’ai pu constater dans les dernières années que la situation au Lac-St-Jean est moins critique qu’en ville. L’organisation n’a pas le choix d’être bien faite car on n’a pas accès ici à des cliniques privées. Ça ne peut pas être un plan de secours, il n’y en a pas. Par contre, rares sont les personnes qui n’ont pas de médecin de famille attitré. Ici, on ne ressent pas directement les effets de la pénurie. »

Clientèle prioritaire

À l’échelle de la province, on estime qu’il manque 500 médecins de famille pour pourvoir aux besoins de la population, toujours grandissants. Si cet objectif était atteint, 500 000 Québécois de plus auraient un médecin de famille. En effet, chaque médecin prend en charge, en moyenne, 1 000 patients. La population est vieillissante, et ces gens ont besoin de plus de soins.

Depuis 2015, le personnel médical tente d’adapter ses horaires en fonction des patients prioritaires. Pour y parvenir, ils prévoient des plages horaires vacantes pour les urgences. On mise également sur l’élargissement du champ d’exercice des infirmières. Les médecins ont la possibilité d’inscrire davantage de patients s’ils sont entourés d’infirmières et de travailleurs sociaux. Les pharmaciens peuvent également apporter un soutien indispensable, ainsi que les psychologues et autres professionnels de la santé.

Il faut donc tendre vers la collaboration pour que la situation s’améliore. Le principal défi : maintenir la tendance actuelle et encourager les étudiants en médecine à faire le choix de devenir omnipraticiens.