Avec la saison de la chasse qui bat son plein, les taxidermistes sont très demandés ces temps-ci. Malgré les clichés ruraux autour des amateurs de taxidermie, cette pratique a pris un tournant artistique très urbain. Denis Figues, taxidermiste depuis 12 ans, est toujours passionné, mais il émet des réserves par rapport aux nouvelles tendances.
La taxidermie permet aux chasseurs d’exposer leurs trophées de chasse. C’est une pratique qui demande de la précision, de la patience et de la minutie. Les têtes d’orignaux, les petits rongeurs et les perdrix sont les animaux les plus couramment utilisés.
L’objectif est toujours de rendre la dépouille de l’animal la plus réaliste possible. Pour y arriver, un projet peut prendre environ 12 heures de travail. Les manipulations sont très soignées. « À l’instant présent, la demande est plutôt forte par rapport aux autres moments de l’année, j’en suis déjà à 70 clients. Les têtes d’orignaux sont ce qui me rapporte le plus car elles demandent plus de travail », affirme Denis Figues.
Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme
La taxidermie ne se consacre plus aujourd’hui qu’à l’empaillement d’animaux sauvages. La « taxidermie de rue », qui consiste à utiliser des animaux retrouvés sur le bord des rues tels que les rats, des pigeons ou des souris, est de plus en plus pratiquée.
Il est possible de confectionner des objets usuels avec les retailles d’un seul animal. Des lampes en crâne en passant par des tables avec des pattes de chevreuil, et même des accroche-manteaux sont des exemples de choses que demandent certains clients.
De plus, selon le journal La Presse, plusieurs œuvres empaillées se sont retrouvées parmi les décors à l’Architectural Digest Home Design Show, une exposition sur les dernières tendances en termes de design intérieur. « La taxidermie n’est pas utilisée à sa bonne forme, selon ses bons principes de base. Malgré son originalité, son petit côté morbide laisse à désirer », commente Denis Figues.
Certains amateurs demandent l’empaillement de leur animal domestique. Dans ce cas-ci, ce n’est pas à titre d’exposition, mais davantage relié à la nostalgie et à la difficulté de faire un deuil. « Les animaux domestiques et sauvages, ça ne se ressemble pas. Ce genre de travail joue également avec mes émotions. Le propriétaire d’un chien ne sera jamais aussi satisfait qu’un chasseur, car il désire le revoir comme quand il était vivant. Je refuse catégoriquement », affirme le taxidermiste, choqué.
Parallèlement, la montée du végétarisme et des mouvements pour la défense des animaux jouent contre les taxidermistes en ville. M. Figues n’est toutefois pas inquiet quant à la survie de son art. La pluralité des formes exploitées permet de répondre à plusieurs besoins, et ainsi garder une clientèle variée.